Meerapfel Cigar
Uber Luxury
Richard
Cette fois, on rentre dans la cour des grands,
car la seule dentelle qu’on va faire c’est sur les bagues. Jeremiah, comme
beaucoup de personnes dans le monde du cigare, est très attaché à la famille et
aux traditions ; mais il sait aussi que notre civilisation est en
perpétuelle modification avec de nouvelles technologies toujours plus
grandioses. Il va donc se baser là-dessus pour réaliser Uber Luxury,
raffinement élevé, et lancer la première gamme Richard. Il était naturel de
commencer par cette gamme, puisque c’est bien son papa Richard, qui a donné les
lettres de noblesse à la société avec le tabac du Cameroun dès 1969. Richard
crée le miracle du tabac camerounais, en établissant des relations uniques avec
les cultivateurs, les familles et les communautés locales. Il ne se contente
pas de construire les fondations de la feuille la plus précieuse et la plus
sacrée, mais il apporte également une opportunité, un espoir et un salut sans
précédent aux populations d'Afrique centrale et du Cameroun.
J’y reviendrai plus tard (lors des
explications de mon ressenti de dégustation) mais la bague de cette gamme, qui
ressemble à de la dentelle, représente une feuille de tabac pour bien marquer
l’apport de Richard dans le monde des tabacs et plus spécialement avec les feuilles
du Cameroun.
J’ai très peu de communications à vous fournir
sur la composition, l’âge des tabacs ou l’endroit de fabrication, car Jeremiah
n’est pas friand de ces informations. Pas qu’il soit surprotecteur de sa
création contre les piratages, mais plus parce qu’il dit que ces informations
sont sans grand intérêt pour la dégustation. Je peux donc vous dévoiler que le
cigare à une cape camerounaise, qu’il a utilisé uniquement des tabacs âgés
(déjà avec la gamme la Estancia, il
nous a montré que les tabacs âgés n’étaient pas une difficulté pour sa société)
et qu’ils sont roulés en République dominicaine. NDA : il faut déjà de
très bons rouleurs pour faire ce genre de cigare de prestige, peu de fabriques
terminent leurs cigares par des têtes recherchées ou élaborées ; les
Richard ont une queue de pie, les familles Meerapfel et Fuente sont bien plus
que des collaborateurs, ou même des amis… il ne m’en faut pas plus pour que je
suppose (mais cela ne m’a jamais été confirmé ou infirmé) qu’ils sont roulés chez
Fuente.
J’ai une cape soyeuse avec de fines et agréables nervures qui la parcourent. Elle est mise en valeur avec une bague, conçue par une dentelière belge, qui ressemble plus à une œuvre d’art qu’à une bague de cigare classique. Elle est toute en couleur or avec des parties pleines et un fond aspect dentelle. Je vais d’ailleurs commencer par celle-ci : elle incarne la représentation d’une grande feuille de tabac (je pencherais une feuille de cape camerounaise). Avec sa découpe, elle laisse paraitre le brun de la vraie cape et cela nous donne un effet bluffant. En son centre, comme une table d’alchimiste ou un carré magique, se trouve 9 lingots d’or qui reprennent les 9 lettres du nom Meerapfel.
De chaque côté de la dentelle se dresse une
colonne ou une tour, si vous avez une loupe vous verrez que celle-ci est
parsemée en filagramme de la date 1876. C’est à cette date que Meir II
Meerapfel construit la première fabrique de cigares du Clan à Untergrombach en
Allemagne.
En général, on aime retirer la bague sans abimer la cape ; mais pour celle-ci j’ai aussi envie de garder le plus intacte possible cette œuvre d’art qui restera dans mes souvenirs. Je regarde donc comment je vais m’y prendre lorsque le moment sera venu. Jeremiah a pensé à tout, il y a une petite patte qui est superposée, il suffit de la soulever délicatement et le tour est joué.
Mais elle attire aussi mon attention : je reprends donc ma loupe et je découvre sur celle-ci un lion. Si Jeremiah est très attaché à son clan, à ses amis, il n’a jamais non plus renié ses convictions et ses origines, le lion est un des deux sigles du clan car il est d’une grande importance dans le Vieux Livre.
Vous
constatez que cette fois j’ai joué assez bien sur la déduction et/ou sur ma
passion de la symbolique ; bien évidement ceci ne regarde que moi et ne
peux en aucun cas être pris comme une formelle vérité.
Je terminerai en vous disant qu’à l’arrière de
la bague se trouve l’inscription Van Tintelen Printing Art, un imprimeur
néerlandais bien connu en Europe pour la réalisation de bagues.
Un dernier regard sur ce vénérable bijou et
puis je commence ma cérémonie de la coupe et de l’allumage. La coupe droite se
fait d’une façon nette qui me donne une ouverture plate et parfaite. A froid,
ma vitole du jour me donne des saveurs de terre fertile et de blé, de fruits
secs et de café crème. Je trouve que ce mélange est déjà très subtil et ma foi
hyper agréable.
Le pied s’allume correctement lorsque je
l’embrase et me donne un admirable panache de fumée.
Je ne suis pas surpris par la rondeur et la
douceur, typiques des tabacs âgés, dans cette dégustation elles sont
accompagnées de chêne et de caramel. Je suis maintenant à l’entrée du marché
des épices d’Istanbul, où ma Mamy m’a demandé de lui ramener un mix de clou de
girofle, muscade et cannelle, vous voyez ce mélange connu sous le nom de piment
de Jamaïque qu’on retrouve dans le pudding anglais, le pain d’épices…
Un mélange subtil qui parfume parfaitement ma
dégustation.
Après 5 bons centimètres, mon Uber devient d’une onctuosité
subliminale qui ferait damner un saint. La
rétro-olfaction accentue cette impression de bonheur absolu tout en libérant
une fine pellicule de vanille.
Je n’ai vraiment pas à me forcer pour fumer
lentement car j’ai envie que ce plaisir dure encore et encore.
Une fois passé l’emplacement de la bague qui
s’enlève parfaitement et simplement, une saveur de noisettes grillées vient s’ajouter
aux autres déjà décrites.
Je suis simplement au Valhalla et je refuse
catégoriquement d’en redescendre, mais malheureusement toute bonne chose a une
fin et me voilà donc en direction de mon jardin pour y déposer avec respect le
mégot sur la Terre Mère : ce qui vient de la terre retourne à la terre.
Ce cigare double Robusto de 14.60 cm pour un cepo de 52 est fourni dans une boite en bois extrêmement léger, avec dix cigares par boites : ils sont déposés sur un plateau luxueux qui peut servir de cendrier.
Prix de vente au moment de la rédaction de cet
article 94 € pièce.
En conclusion : avec son aspect, son
design, sa grande qualité aussi bien visuelle que gustative, je pense que ce
cigare sort du lot et je comprends parfaitement qu’il ne soit pas trouvable
dans toutes les civettes ; on ne va pas acheter une Maserati chez le
concessionnaire du coin, et vu les petites quantités produites (seulement 6.130
cigares par an) la liste d’attente des grandes maisons reconnues mondialement
qui veulent commercialiser ces bijoux risque d’être longue.
Il aura fallu presque 150 ans pour retrouver un
cigare Meerapfel sur le marché mondial mais cela valait la peine d’attendre.
Je vous laisse avec Jeremiah : Un hommage à notre passé, dans le respect de
notre avenir.
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