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Les tribulations d’un liégeois en Seine-Maritime

Les tribulations d’un liégeois

en Seine-Maritime

Partie 1



Rocourt


Cette histoire est tirée de faits réels. Si Le grand Gainsbarre trouvait l’année 69 érotique au point de laisser derrière lui la Tamise et Chelsea, moi je trouvais le début de l’année 23 d’un terrible ennui et d’une grande lassitude. Qu’est-ce qu’ils ont fait de Ma ville, de la Wallonie et de mon pays ?

Une rage s’emparait de mes entrailles ; j’en avais marre. Marre de l’insécurité, marre des politiciens qui s’en foutaient plein les poches, marre de ces séparatistes à deux balles, marre de Liège éventrée par les travaux du tram ou des trous jamais rebouchés pour une raison x ou y.

Je prends ma voiture direction Amay. « J’en peu plus, je me casse ! » Réponse de la principale intéressée (à ce stade) est : « Et pour aller où ? » En France, certainement la Normandie ou alors Boulogne-sur-Mer. Larmes aux yeux une fraction de seconde ainsi qu’une brève hésitation et la réponse tombe comme un couperet : ok, ce n’est pas si loin donc tu reviens 4 fois par an pour nous voir Kevin, Sören et moi, et nous on va te voir une fois en fonction de nos congés. Voilà une belle épine hors du pied. Je dois vous avouer que dans le cas contraire, j’aurais été plutôt embêté.

Et puis, je pars avec tout mon matos pour faire des zooms régulièrement, je suis d’ailleurs abonné.

Maintenant la Normandie ou Boulogne ? Je n’en sais encore rien, tout ce qui est certain, c’est que je pars et en France.

Est-ce que l’herbe est plus verte ailleurs ? Pas nécessairement, mais en Normandie il y a Aurora ; et elle vient de me donner son feu vert pour la rejoindre, dès qu’elle aura mis de l’ordre dans ses p’tites affaires.

Avril, je viens de fêter mes 62 ans ; je suis en train de déguster un bon cigare avec mon ami Arthur Bosh avant de passer au filet américain frites. Le but principal de ce moment festif est qu’il connait toute la procédure pour le passage comme résident français. Je prends des notes, je pose des questions et Arthur me rassure : tu vas voir cela se passe comme une lettre à la poste.

A ce stade, vous devez savoir qu’il y a un accord entre la France et la Belgique pour que les pensionnés continuent à payer leurs contributions dans leur pays d’origine ; ce qui veut dire avoir aussi une mutuelle belge (ce qu’on peut comparer à une caisse de sécu en France).

Cette mutuelle ne fonctionne que sur le territoire belge ou si je pars en vacances à l’étranger ; mais tant que je suis en France, c’est la sécu qui prend le relais.

Alors il faut vider la maison, faire les formalités administratives, et il y a le 1er anniversaire de Sören, donc je planifie mon départ pour le 1er Novembre.

Les jours passent et je commence le tri et l’organisation. En premier, la maison. Vous savez, quand on a une maison dans laquelle on vit depuis le 19 juin 1993 (le lendemain de mon retour de Paris où j’ai assisté au concert des 50 ans de Johnny au Parc des Princes), et que cette même maison a été habitée pendant des années par 6 personnes, et bien le dernier qui reste a un fameux branle à vider. Et avec mon handicap, ce n’est pas une mince affaire ! Heureusement, Alex se propose de venir me donner un coup de pouce. A deux avec deux camionnettes, cela devrait aller vite. C’est sans compter sur les guêpes qui ont élu domicile dans le jardin devant la maison et qu’on dérange en jetant un truc par la fenêtre, pile poil sur elles. Bon, quelques piqures plus tard, on continue !

En juillet, Aurora débarque pour une semaine. Le travail avance bien, mais pas assez vite à son goût. J’ai déjà les alarmes qui se mettent en marche : je ne serai jamais dans le timing.

On repart avec deux voitures pleines vers la Seine-Maritime.



Rocourt


Rebelote en aout, sauf que là, je me paye mon premier contrôle de douanes. Bonjour, vous venez d’où, vous allez où ? je viens de Liège et je vais à Ocqueville. Le but de votre voyage ? Je prépare mon déménagement. Que transportez-vous ? Comme je vous l’ai dit, je prépare mon déménagement, donc un meuble ou deux, des vêtements… Rien à déclarer pas de tabac, d’alcool ? Alcool, non, tabac 10 cigares.

Le douanier : 10 cigares, vous êtes bien en dessous des normes alors, rien d’autre ?

(NdA : à cette époque, Macron avait, pour contrecarré Andorre, fais basculer la France hors zone euro pour la rentrée de tabac sur son territoire. Heureusement, l’Europe a mis de l’ordre dans tout cela et on est revenu à la normal.)

Non, je n’ai rien d’autre.

Ok bonne route, monsieur.

Je redémarre donc, et je fais une centaine de mètres quand je me rappelle que j’ai un meuble qui est rempli de cigarillos Nicaragua Davidoff, dans le quota autorisé mais vraiment fortement hors normes pour l’époque.

Arrive le mois de septembre, je préfère prendre les devants et j’envoie donc le recommandé de mon renom à la date du 31 octobre bien qu’avec mon bail exceptionnel je n’ai qu’un mois de préavis.

La réponse de l’O.C.A.S.C. (Office Central d’Action Sociale et Culturelle de la Défense), pour faire simple le proprio des maisons de l’armée, revient rapidement.

Votre bail spécial a pris fin en 2002 et depuis vous avez un bail régulier avec 3 mois de préavis, soit du mois de septembre à novembre. Vous devez donc remettre votre logement en accord avec le gérant pour le 30 novembre. De plus, vous devez faire le jardin et repeindre tout l’intérieur du logement en blanc.

Je prends contact avec le gérant, qui me dit que pour les 3 mois il ne sait rien faire. Pour le reste, il m’explique que c’est une nouvelle direction et que les normes sont plus strictes, mais il va voir ce qu’il peut faire.

Commence un échange de mails entre lui et l’OCASC, dans lequel le gérant stipule que je suis là depuis 30 ans, que je n’ai jamais causé de soucis, qu’il n’a aucun document sur l’état des lieux lors de mon entrée… Pour finir, la direction générale donne sa décision : je peux partir le 31 octobre, mais je devrai payer le mois de novembre. Je ne dois pas repeindre, mais me plier à la décision de l’état des lieux de sortie (état des lieux qui reviendra négatif : aucunes détériorations anormales lors de la remise des clés).

Voilà une grosse épine hors du pied !

Les jours passent et je me dis que je n’y arriverai jamais. Je décide donc de louer un container de 30 m³. Mon ami Roch pense que j’ai vu grand et que mes voisins pourront y jeter leurs crasses, et pourtant…

J’ai eu des consignes strictes de Wendy : le container arrive à 9h et nous aussi, plus le temps de trier quand on sera là, Kevin et moi, on casse, on vire et on jette.



cendrier


C’est ainsi que je perds mon superbe cendrier lespassionsdeker.

Mais je suis épaté par leur travail : le container se remplit bien et vite !

Fin de journée, on mange une crasse sur un coin de table et on se donne rendez-vous de nouveau à 9h le lendemain.

Quand ils s’attaquent à la cave, je pense que le container sera bien trop petit et le stress augmente. C’est sans compter sur un couple de roumains qui passent par là et qui demandent s’ils peuvent prendre la ferraille. Notre grand oui les enchante, et ni une ni deux, ils chargent une multitude de choses. Le monsieur aide même à sortir le congel de la cave.

Le 29 octobre au soir, la maison est totalement vide. Le 30 au matin, on fait l’état des lieux, et le 31 je prends enfin la direction de la Seine-Maritime pour d’autres aventures.



Ocqueville


Fin de la partie 1, affaire à suivre