Les tribulations d’un liégeois
en Seine-Maritime
Partie 1
Une rage s’emparait
de mes entrailles ; j’en avais marre. Marre de l’insécurité, marre des
politiciens qui s’en foutaient plein les poches, marre de ces séparatistes à
deux balles, marre de Liège éventrée par les travaux du tram ou des trous
jamais rebouchés pour une raison x ou y.
Je prends ma
voiture direction Amay. « J’en peu plus, je me casse ! » Réponse
de la principale intéressée (à ce stade) est : « Et pour aller
où ? » En France, certainement la Normandie ou alors
Boulogne-sur-Mer. Larmes aux yeux une fraction de seconde ainsi qu’une brève
hésitation et la réponse tombe comme un couperet : ok, ce n’est pas si loin donc tu reviens 4 fois par an pour nous voir
Kevin, Sören et moi, et nous on va te voir une fois en fonction de nos congés.
Voilà une belle épine hors du pied. Je dois vous avouer que dans le cas
contraire, j’aurais été plutôt embêté.
Et puis, je pars
avec tout mon matos pour faire des zooms régulièrement, je suis d’ailleurs
abonné.
Maintenant la
Normandie ou Boulogne ? Je n’en sais encore rien, tout ce qui est certain,
c’est que je pars et en France.
Est-ce que l’herbe
est plus verte ailleurs ? Pas nécessairement, mais en Normandie il y a
Aurora ; et elle vient de me donner son feu vert pour la rejoindre, dès
qu’elle aura mis de l’ordre dans ses p’tites affaires.
Avril, je viens
de fêter mes 62 ans ; je suis en train de déguster un bon cigare avec mon
ami Arthur Bosh avant de passer au filet américain frites. Le but principal de
ce moment festif est qu’il connait toute la procédure pour le passage comme résident
français. Je prends des notes, je pose des questions et Arthur me rassure :
tu vas voir cela se passe comme une lettre à la poste.
A ce stade, vous
devez savoir qu’il y a un accord entre la France et la Belgique pour que les pensionnés
continuent à payer leurs contributions dans leur pays d’origine ; ce qui
veut dire avoir aussi une mutuelle belge (ce qu’on peut comparer à une caisse
de sécu en France).
Cette mutuelle ne
fonctionne que sur le territoire belge ou si je pars en vacances à
l’étranger ; mais tant que je suis en France, c’est la sécu qui prend le
relais.
Alors il faut
vider la maison, faire les formalités administratives, et il y a le 1er
anniversaire de Sören, donc je planifie mon départ pour le 1er
Novembre.
Les jours passent
et je commence le tri et l’organisation. En premier, la maison. Vous savez, quand
on a une maison dans laquelle on vit depuis le 19 juin 1993 (le lendemain de
mon retour de Paris où j’ai assisté au concert des 50 ans de Johnny au Parc des
Princes), et que cette même maison a été habitée pendant des années par 6
personnes, et bien le dernier qui reste a un fameux branle à vider. Et avec mon
handicap, ce n’est pas une mince affaire ! Heureusement, Alex se propose
de venir me donner un coup de pouce. A deux avec deux camionnettes, cela
devrait aller vite. C’est sans compter sur les guêpes qui ont élu domicile dans
le jardin devant la maison et qu’on dérange en jetant un truc par la fenêtre,
pile poil sur elles. Bon, quelques piqures plus tard, on continue !
En juillet, Aurora
débarque pour une semaine. Le travail avance bien, mais pas assez vite à son
goût. J’ai déjà les alarmes qui se mettent en marche : je ne serai jamais
dans le timing.
On repart avec deux voitures pleines vers la Seine-Maritime.
Rebelote en aout, sauf que là, je me paye mon premier contrôle de douanes. Bonjour, vous venez d’où, vous allez où ? je viens de Liège et je vais à Ocqueville. Le but de votre voyage ? Je prépare mon déménagement. Que transportez-vous ? Comme je vous l’ai dit, je prépare mon déménagement, donc un meuble ou deux, des vêtements… Rien à déclarer pas de tabac, d’alcool ? Alcool, non, tabac 10 cigares.
Le
douanier : 10 cigares, vous êtes bien en dessous des normes alors, rien
d’autre ?
(NdA : à
cette époque, Macron avait, pour contrecarré Andorre, fais basculer la France
hors zone euro pour la rentrée de tabac sur son territoire. Heureusement,
l’Europe a mis de l’ordre dans tout cela et on est revenu à la normal.)
Non, je n’ai rien
d’autre.
Ok bonne route,
monsieur.
Je redémarre donc,
et je fais une centaine de mètres quand je me rappelle que j’ai un meuble qui
est rempli de cigarillos Nicaragua Davidoff, dans le quota autorisé mais
vraiment fortement hors normes pour l’époque.
Arrive le mois de
septembre, je préfère prendre les devants et j’envoie donc le recommandé de mon
renom à la date du 31 octobre bien qu’avec mon bail exceptionnel je n’ai qu’un
mois de préavis.
La réponse de
l’O.C.A.S.C. (Office Central d’Action Sociale et Culturelle de la Défense),
pour faire simple le proprio des maisons de l’armée, revient rapidement.
Votre bail
spécial a pris fin en 2002 et depuis vous avez un bail régulier avec 3 mois de
préavis, soit du mois de septembre à novembre. Vous devez donc remettre votre
logement en accord avec le gérant pour le 30 novembre. De plus, vous devez
faire le jardin et repeindre tout l’intérieur du logement en blanc.
Je prends contact
avec le gérant, qui me dit que pour les 3 mois il ne sait rien faire. Pour le
reste, il m’explique que c’est une nouvelle direction et que les normes sont
plus strictes, mais il va voir ce qu’il peut faire.
Commence un
échange de mails entre lui et l’OCASC, dans lequel le gérant stipule que je
suis là depuis 30 ans, que je n’ai jamais causé de soucis, qu’il n’a aucun
document sur l’état des lieux lors de mon entrée… Pour finir, la direction
générale donne sa décision : je peux partir le 31 octobre, mais je devrai
payer le mois de novembre. Je ne dois pas repeindre, mais me plier à la
décision de l’état des lieux de sortie (état des lieux qui reviendra négatif :
aucunes détériorations anormales lors de la remise des clés).
Voilà une grosse
épine hors du pied !
Les jours passent
et je me dis que je n’y arriverai jamais. Je décide donc de louer un container
de 30 m³. Mon ami Roch pense que j’ai vu grand et que mes voisins pourront y
jeter leurs crasses, et pourtant…
J’ai eu des
consignes strictes de Wendy : le container arrive à 9h et nous aussi, plus
le temps de trier quand on sera là, Kevin et moi, on casse, on vire et on
jette.
C’est ainsi que je perds mon superbe cendrier lespassionsdeker.
Mais je suis
épaté par leur travail : le container se remplit bien et vite !
Fin de journée,
on mange une crasse sur un coin de table et on se donne rendez-vous de nouveau
à 9h le lendemain.
Quand ils s’attaquent
à la cave, je pense que le container sera bien trop petit et le stress augmente.
C’est sans compter sur un couple de roumains qui passent par là et qui demandent
s’ils peuvent prendre la ferraille. Notre grand oui les enchante, et ni une ni
deux, ils chargent une multitude de choses. Le monsieur aide même à sortir le
congel de la cave.
Le 29 octobre au
soir, la maison est totalement vide. Le 30 au matin, on fait l’état des lieux,
et le 31 je prends enfin la direction de la Seine-Maritime pour d’autres
aventures.
Fin de la partie 1, affaire à suivre
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