Aliados
V.C.F.
By Ernesto Perez Carillo
La Calle
Ocho rime avec un nom célèbre du quartier, celui de Rolando Reyes Sr.
C’est en
1971 que Reyes Sr, lui qui très jeune a travaillé dans le monde du cigare et
plus spécialement avec les fabriques les plus renommées de la Havane, débarque
aux states et qu’il lance sa marque de cigares Cuba Aliados.
Il a mis
en place un système de travail assez original mais qui a très vite porté ses
fruits et propulsé sa marque vers les sommets, place qu’il gardera jusque dans
les années 90.
Sa journée commençait à 15h jusqu’à peu près 24h ; c’est à ce moment que seul dans la fabrique, il inspectait un à un chaque cigare à la recherche des imperfections. Il prenait des notes et laissait des post-its avec ses directives. Mais sa journée était loin d’être achevée, puisque quelques heures après la fermeture des lumières vers 24h, ses amis le rejoignaient pour parler des souvenirs de Cuba, déguster une bouteille de vin accompagnée de ses cigares. Leur avis détaillé sur la partie aromatique était une aide considérable pour Rolando. Si bien qu’à l’ouverture de l’usine, l’équipe de jour n’avait plus qu’à se mettre au travail en tenant compte des notes manuscrites remplies des analyses des experts.
Ce
rituel quotidien (et nocturne) a rythmé tout cet âge d’or. Rolando Reyes Sr.
est alors devenu le maître mélangeur le plus respecté de la Calle Ocho. Les
cigares Aliados étaient convoités aux quatre coins du monde. Les années 1990
ont marqué l’apogée de la réputation de la marque grâce au boom du cigare.
Mais il a payé le prix fort pour son perfectionnisme puisqu’il a eu du mal à transmettre son savoir et à déléguer ; ce qu’il a dû se résoudre à faire petit à petit alors qu’il avançait en âge. A l’aube du siècle nouveau, les générations suivantes ne parvenaient plus à être à la hauteur des mélanges et roulages exigeants qu’imposait le fondateur de la marque. En 2010, des discounters rachetèrent la marque, deux ans avant le décès de Rolando.
En été
2021, le CEO de VCF, Fred Vandermarliere a racheté la marque Aliados pour lui
donner une nouvelle vie au sein de la gamme Oliva.
Comme
vous le savez, le monde est petit : il se fait qu’Ernesto Perez Carillo,
ancien élève de Rolando Reyes Sr. et membre de son cercle d’amis ces fameuses
nuits dans la Calle Ocho, a appris ce rachat. Il a donc contacté Fred V. avec
une seule question : comment pouvait-il l’aider pour rendre à Aliados sa
gloire d’antan ?
Le genre d’aide que Fred ne pouvait refuser. Il faut savoir qu’Ernesto Perez Carillo s’est à présent fait un nom à lui tout seul. Il est considéré comme le meilleur Maitre Mélangeur au monde. Au cours des cinq dernières années, il a signé deux fois le meilleur cigare du monde, et s’est adjugé une fois une deuxième place. Ajoutez à cela son passé avec Rolando et vous avez l’homme idéal pour un retour aux sources de la marque.
Mais
cela était-il suffisant ? Est ce qu’ils allaient rendre l’authenticité au
cigare de manière juste et parfaite ? Est-ce que la paire Fred-Ernesto allait
atteindre leur but ?
C’est un
travail acharné et de longue haleine qui les attendait : trouver les bons
tabacs, les mélanges adaptés, s’occuper du packaging… Bref ils se sont repartis
les tâches et se sont relevés les manches.
Ernesto
a parcouru le monde aussi bien pour des réponses à ses questionnements que pour
dénicher le tabac qu’il lui fallait. Plus de cent mélanges ont été
échantillonnés et après avoir donné son temps, sa sueur et son âme, Ernesto a
fait de Aliados un Phénix renaissant de ses cendres et qui retrouve un goût qui
lui confère son authenticité.
Je
voudrais faire une petite mise au point : j’ai entendu quelques amis
dirent « je ne retrouve pas la griffe de Ernesto dans ce cigare »,
et je suis entièrement d’accord avec eux. Simplement parce que ce n’est pas un
cigare d’Ernesto Perez Carillo mais bien un cigare fait par E.P. Carillo pour
rendre hommage à son Maitre à qui il doit tellement.
Cette gamme se retrouve dans nos civettes en cinq modules : Robusto, Toro, Torpedo, Regordo et Churchill.
J’ai
dégusté 4 de ces modules et je partage avec vous mes ressentis.
Je tiens donc devant moi, un cigare avec une magnifique cape aux reflets rougeâtres, bien huilée et parcourue de magnifiques veines parfaitement écrasées. Elle est sublimée par deux bagues aux couleurs : blanc, or, rouge, noir & ocre rouge. Celle de pied porte les inscriptions : Cabinet Edition, fait à la main, blend original. Le tout dans un cercle parsemé d’étoiles, d’un symbole de soleil levant sur une mer calme. L’autre a un cercle également, avec cette fois un rappel des origines du cigare avec la mention Cuba Cigars, mais entre les vagues et le soleil on peut voir en lettres d’or Aliados. Cela me fait vraiment penser à un renouveau, un retour… La lumière revient toujours.
Dessous
on peut lire : By Ernesto Perez Carillo.
Au nez
et à cru j’ai des saveurs multiples et variées comme la crème, la terre grasse,
la basse court et le chocolat 80%.
Il est
temps de passer à l’allumage : le pied s’embrasse divinement et la fumée
se répand dans la pièce de dégustation. Celle-ci m’apporte du cèdre, de la
terre glaise, rapidement suivis de cannelle, de cuir fraichement tanné, de
poivre noir et de cacao.
Une pincée d’agrume complète ce premier wagon de saveurs. Je constate qu’au fur et à mesure de ma progression, la force augmente légèrement et se stabilise au niveau moyen.
La combustion est parfaite ainsi que le tirage.
Je ne
peux pas dire que je décolle, mais le plaisir est au rendez-vous et c’est le
principal. Je rentre maintenant dans un endroit parsemé de gousses de vanille
agrémenté de belles touches de chocolat noir, de café strong et de fougère
ainsi que de foin.
Un
moment, une dose de tanin me fait penser à un vin rouge puissant.
Il me
reste encore quelques bouffées avant de le laisser mourir de sa belle mort et
de le rendre à la Terre Mère avec une pensée pour Rolando.
Les
dégustations se sont portées sur 2 Robustos, 1 Toro, 1 Regordo et 1 Churchill
Respectivement de : Robusto 12.7 cm pour un cepo de 50, Torpedo 15.24 cm pour un cepo de 54, Toro 15.24 cm pour un cepo 52, Regordo 15.24 cm pour un cepo de 60, Churchill 17.78 cm pour un cepo de 50.
Cape
: Equateur.
Sous-cape
: Nicaragua.
Tripe : Nicaragua & Rep. dom.
En
conclusion : cela n’engage que moi, mais si vous voulez profiter pleinement de
votre dégustation, vous devez faire abstraction du nom de E.P. Carillo, qui
s’est effacé et mis au service du projet, c’est-à-dire un hommage à son Mentor
et ami, tout en respectant son amour du travail bien fait : c’est un cigare
très bien construit et parfaitement équilibré.
Je pense que de l’endroit où il se trouve Monsieur Rolando Reyes Sr. doit approuver la renaissance de son cigare grâce au travail acharné de Fred & Ernesto.
Il me
reste donc à vous inviter à vous rendre dans votre civette pour vous faire vos
propres impressions.
Effectivement pas de décollage, pas de vision de la vierge ..... Il est bien construit, il a un bon tirage mais j'ai trouvé le temps long. Je vais en mettre un en repos pour lui laisser une deuxième chance. Merci quand même pour l'explication et la découverte de ce cigare.
RépondreSupprimermerci de ton retour, en espérant u'après un repos le second te semble moins long
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