C’est à Monsieur Lionel
Van der Haegen, Managing Director de la brasserie que je dois cette historique
et je l’en remercie.
Depuis le siècle
dernier, les grosses fermes du Hainaut brassaient l’orge et le houblon et, la
commune de Silly, village situé dans le triangle formé par les villes d’Ath,
Enghien, Soignies, traversée par la Sylle, petite rivière qui lui donna son
nom, ne manqua pas l’appel de la bière.
Pour avoir un
aperçu de la vie qui y régnait jadis, il est intéressant de remarquer qu’au
début du siècle, elle possédait vingt-neuf bistrots et que trois brasseries se
disputaient les quelques deux mille âmes qui la peuplaient alors. De nos jours,
l’animation y est toujours vivace grâce aux luttes de jeux de balle et au tir à
l’arc qui finissent aux petites heures autour d’une table où les bières du
village sont reines. Il existe en effet encore une brasserie à Silly, la seule
encore en activité dans toute l’entité du même nom. Découvrons ensemble son
histoire.
N’échappant pas
à la tradition, cette entreprise connaît ses débuts en 1850 dans une ferme
dénommée Cense de la Tour,
propriété du Seigneur Arnould de Limoge rachetée par Marcellin Meynsbrughen.
Celui-ci exploite déjà le tordoir local, moulin pour l’huile de tournesol. Il
est plus que probable que en se mettant à fabriquer de la bière, Marcellin ne
fait que poursuivre une des activités existantes de cette cense depuis bien
longtemps.
Dès 1904, son
fils Adelin, qui lui avait succédé entre-temps, signe avec des brasseurs du
Hainaut le premier accord en Belgique créant une mutuelle couvrant le risque
d’accidents en brasserie.
Mais Adelin
meurt jeune, en 1907, ne laissant que des héritiers en bas âge. Son seul fils,
également dénommé Adelin, 16 ans, est obligé d’abandonner les études de
brasseur qu’il mène à Gand pour venir prendre la direction de l’entreprise
familiale. Un cousin vient le seconder pendant quelques années.
Durant la
Première Guerre mondiale, les Meynsbrughen recouvrent leurs cuivres d’une
peinture noire à base de poix afin d’éviter leur confiscation par les troupes
allemandes. Le stratagème semble avoir réussi puisque leur brasserie est
réquisitionnée pour jouer le rôle de Brasserie
Centrale. Ce sera la seule de l’entité actuelle à poursuivre ses
activités durant cette période, les autres brasseurs venant s’y approvisionner
afin de pouvoir continuer à assurer leurs livraisons.
Jusqu’en 1955,
la brasserie possédera toujours cinq chevaux, dont un pommelé (porte-bonheur).
Deux écuries, l’une de deux chevaux, l’autre de trois, se trouvent juste à
l’entrée de la propriété. Vers 1930, son charroi se compose d’un camion et de
deux haquets (charrettes transportant les tonneaux) à cheval.
Toutefois, en
1937, la famille Meynsbrughen venant de racheter les bâtiments de l’ancienne
école communale situés derrière sa propriété, elle y installe une première
bouteillerie. Adelin, profitant de ces nouvelles techniques crée coup sur coup
deux bières : une Sylla
(type Bock), et une Export. Ces
deux produits viennent s’ajouter à une gamme comprenant déjà, outre des bières
de ménage, une Saison, une Grisette, une Scotch et une Belge. Toutes ces bières sont
exclusivement de haute fermentation.
En 1939, Adelin
réalise 138 brassins, utilisant à cet effet 134.100 kg de malt. Il faudra
attendre la fin des années cinquante pour voir ces chiffres dépassés.
Au tout début de
la Seconde Guerre, la brasserie s’équipe d’une petite malterie. Un incendie
causé par une bâche de camion séchant devant la touraille met fin à cette
expérience dès 1944.
Dès 1947, la
Brasserie prit le pas sur la ferme et elle ne produisait encore que des bières
de haute fermentation. L’année 1948 est marquée par l’arrivée auprès d’Adelin
d’un renfort important en la personne de José Van der Haegen, son gendre, mari
de sa fille Josette Meynsbrughen.
C’est sous son
impulsion que l’entreprise s’adapte au brassage de bières de fermentation
basse, créant, peu avant 1950, une Triple
Bock, bière spéciale de ménage, une Export toute différente de celle fabriquée avant-guerre, puis,
en 1956 la Myn’s Pils. Celle–ci
va petit à petit remplacer la Bergenbier, brassée à Alost mais qu’Adelin
conditionnait et commercialisait depuis cinq ou six ans et qu’il n’abandonnera
définitivement qu’au début des années soixante.
C’est également
en 1956 que la famille décide de doter sa brasserie du statut de société
anonyme. Elle en profite pour simplifier l’orthographe de son nom, supprimant
le e situé devant le y.
En 1964, Adelin
crée une nouvelle bière, la Super 64,
bière ambrée de fermentation haute titrant 5.2 % vol. alc. Il décède
malheureusement quelques mois plus tard, après avoir été à la tête de son
entreprise durant près de soixante ans.
Le début des
années septante voit l’entrée en piste des deux fils de José et Josette Van der
Haegen, Jean-Paul et Didier, le premier en tant que brasseur, le second se
chargeant de la partie commerciale et des relations publiques. Dès 1972,
Jean-Paul démontre ses talents de créateur en mettant au point la Silbrau Dort, bière blonde de
fermentation basse. Peu de temps après, la production de l’Export est
abandonnée.
En 1973, la
société prend le nom de Brasserie de
Silly.
L’année 1975 est
marquée par le rachat de la Brasserie Tennstedt Decroes à Enghien ce qui lui
permet d’ajouter à sa gamme la Double Enghien, aujourd’hui existant en deux
versions : brune et blonde.
1990 voit la
création de la Blanche Titje qui elle aussi contribue avec la Scotch de Silly,
la Saison de Silly, la Double Enghien et la Divine au développement de cette
entreprise familiale indépendante, pleine de tradition.
Ces dernières
années, de nombeuses bières se sont ajoutées à la gamme de bières produites à
Silly :
2002 Pink Killler
2007 Abbaye de Forest
2010 Silly Bio
2013 Silly Sour
2016 Silly Rouge, Triple Swaf et Silly Kriek
Alliant méthode
de production artisanale et techniques modernes, la brasserie de Silly, entreprise indépendante et familiale, a
développé ces 10 dernières années ses activités à l’exportation où elle a
obtenu plusieurs prix de qualité.
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