La destruction de Pompéi
Photo de Raphaël Moska |
Le troisième de la gamme que je déguste ce soir est le
Megaera, cette divinité qui punit l’infidélité, un cigare à la cape sombre,
grasse et bien nervurée. Celle-ci est remise en valeur avec un bout de laine
rouge, pas n’importe quel rouge, puisqu’il s’agit d’un rouge pompéien, connu
pour sa beauté éclatante. Rouge, couleur de vie, d’ardeur et du courage, mais
aussi de la mort, de la colère et de Lucifer, le porteur de lumière.
J’ai recours à mon emporte-pièce pour déguster cette vitole,
permettez-moi d’ouvrir une petite parenthèse. L’emporte-pièce doit servir à
couper un petit trou dans la cape donc il s’agit bien d’une découpe en le
faisant tourner, je vois encore trop de personnes qui poussent comme des malades sur leur outil de travail, ils
risquent que leur cape éclate et de tasser le tabac et faire un bouchon. Fin de
la parenthèse.
Je craque une longue allumette, quand je suis chez moi,
tranquille et avec un bon cigare (je le sais, j’en ai déjà fumé deux avant la
rédaction de cet article), j’aime bien ce rituel de l’embrasement du pied de
cigare avec une allumette.
Le pied rougeoie lentement et avec parcimonie comme
un volcan qui ne demande qu’à se réveiller. Les premières bouffées sont riches
en volume de fumée et dégagent un mélange d’épices. Je suis enveloppé
littéralement par celles-ci, un peu comme lorsque les premières effluves de
laves font leur apparition. Je sens du poivre blanc, du cacao et du café.
Lentement je continue ma progression tout en sentant que l’éruption est proche,
en effet elle se déclenche, pas d’un coup, pas par surprise, juste dans un
équilibre juste et parfait. Le poivre vire au noir et est rejoint par le clou
de girofle et le gingembre. Le café devient strong tout en étant adouci par une
touche de miel et de pain d’épices. J’ai aussi une forte odeur de cèdre et
d’érable.
Ces senteurs se mélangent, s’associent pour former un Grand
Tout et donne un regain de puissance. J’aime cette Furie qui pourrait tout
détruire sur son passage mais que les concepteurs du cigare ont réussi à
canaliser.
Photo de Raphaël Moska |
La cendre, compacte, épaisse, blanche et striée, renforce le
signe de stabilité de cette création. Je pense que Didier et A.J. ont été bien
inspirés avec ce cigare.
Lorsque mon cigare commence à ne plus cracher des geysers de
saveurs, je m’aperçois que je suis au bord de me bruler et les doigts et la
bouche. Il est temps de lui dire merci et de le déposer définitivement dans le
cendrier.
Je me sens comme le petit diable vert de Juste pour rire qui pleure à la fin par
ce que c’est fini.
Ces dégustations portaient sur un cigare de 13.97 cm pour un
cepo de 54
En conclusion : j’aimais déjà beaucoup les deux autres
modules de la gamme mais celui-ci est pour moi encore supérieur, j’ai vraiment
passé de très agréables moments en sa compagnie. Je pense qu’il a une longue
vie devant lui.
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