Cuatro Cinço
Joya de Nigaragua
C’est en 1968 que
Simón Camacho et Juan Francisco Bermejo, qui ont fui leur Cuba natal comme tant
d'autres à l'époque, ont eu accès à des champs riches en terre volcanique
profonde à Estelí, Condega et Jalapa ; ils ont accepté de payer des
travailleurs pour les aider à cultiver et à récolter. Et ils ont trouvé des
installations dans le centre d'Estelí où ils pouvaient transformer le tabac. Ce
furent les premiers jours de la Nicaragua Cigar Company, comme Joya de
Nicaragua s'appelait à l'origine. Les cigares nicaraguayens commencent à être
reconnus comme une alternative supérieure aux cigares cubains après l'embargo.
En 1970, le président et dictateur Somoza est invité à la Maison Blanche par le
président Nixon qui lui offre un cigare, lorsqu’il lui tend la boite pour faire
son choix, Somoza est stupéfait de voir que les cigares bien emballés dans la
boîte pleine portent tous des bagues de la Nicaraguan Cigar Company.
Somoza désireux
de tirer profit des opportunités offertes par le tabac au Nicaragua met la main
sur la fabrique.
Lors de la
révolution, les sandinistes mettent le feu à l’usine. Heureusement les dégâts
sont mineurs et les ouvriers peuvent rapidement reprendre la production. Mais
les entreprises sont nationalisées et les U.S.A. décrètent un embargo sur le
Nicaragua.
En plus lors de
sa fuite Somoza emporte des documents clés relatifs à la marque Joya de
Nicaragua et les vend au plus offrant aux States. Joya de Nicaragua est
fabriqué au Honduras pour le marché américain.
Pendant ce temps
au Nicaragua, la fabrique originale essaye de séduire les amateurs du monde
entier mais ils n’ont aucune connaissance dans le marketing et la vente.
En 1992, il se
trouve un leader dans Dr Cuenca qui accepte de louer l'entreprise pour une
période initiale de 12 mois. Il s'est engagé à rattraper les six mois
d'arriérés de salaire dus aux travailleurs et à ne pas procéder à des licenciements
anticipés. En retour, les travailleurs s'engagent à fabriquer les meilleurs
cigares qu'ils connaissent et à travailler pour ramener la prospérité. La
Nicaragua Cigar Company est devenue Tabacos Puros de Nicaragua en 1994. Et
l'une des premières choses que le Dr Cuenca a cherché à obtenir, ce sont les
droits sur le nom Joya de Nicaragua. Au milieu des années 90, la production
nicaraguayenne fait l'objet d'une demande croissante avec le "boom du
cigare", un phénomène qui dure environ deux ans.
En 2018, Joya a
été le pionnier d'une industrie en fabriquant les premiers cigares haut de
gamme à sortir du Nicaragua. Aujourd'hui, JDN est la marque la plus
internationale de notre Nicaragua, avec une présence sur plus de 50 marchés, et
en pleine croissance.
Et le travail paye puisqu’en 2021, le marché belge s’ouvre à eux grâce à la société de distribution Media Rueda et que la revue amateur de cigares déclare Joya comme la meilleure fabrique de l’année.
En 2013, la société sort le cigare Cuatro Cinço en édition limitée pour fêter les 45 ans de l’entreprise. Vu le succès rencontré, il décide de le mettre dans la gamme Masterpièces Réserva Especial, qui commémore l’évolution de la marque.
Mais pour cela il modifie légèrement la composition puisque les feuilles de tripes ne seront que de qualité A et mises à vieillir dans des anciens fûts de chênes blancs.
C’est la
dégustation de ce Toro que je vais partager avec vous.
J’ai une cape d’un brun foncé qui est décorée d’une bague assez grande, elle est de couleur noir, argent, blanc et or. Attention, ne faites pas la même erreur que votre serviteur, en fait il ne s’agit pas d’une bague mais de deux bagues superposées, donc il faut retirer la bague noire avant la blanche cassée.
La bague noire
reprend les informations importantes comme Reserva Especial, que c’est bien un
cigare fait-main… avec une particularité au niveau du nom puisque le A de
Cuatro est un 4 inversé et le ç de Cinço est lui un 5 inversé également. La
blanche nous donne un rappel de la marque et de la série.
A l’arrière de celles-ci on retrouve aussi des explications comme les liens vers les réseaux Facebook, Twitter et Insta mais aussi un petit rappel de l’événement qui a amené la création de cette vitole.
Je vous passe les
détails de la cérémonie de la coupe et de l’allumage.
A cru, j’ai des
sensations fortes de raisins de Corinthe, d’odeur de scierie et de café.
Une fois que le
pied s’est embrasé, je suis enveloppé d’un flot important de fumée.
J’ai toujours
cette sensation de raisins avec du café, mais ce qui domine c’est les amandes
(un peu comme quand on a mis une bonne dose d’Amaretto sans l’alcool dans le
tiramisu).
Lentement le
foin, le cacao et le poivre noir font leur apparition. Et je me retrouve à
rêvasser.
Une pointe de sel
sur les lèvres et de la cannelle sur la pointe de la langue me ramènent à la
réalité ; j’en profite donc pour vérifier la combustion qui est parfaite.
Je ne peux pas
dire que ce cigare ait eu besoin d’un
tour de chauffe car dès le début je suis dans une puissance moyen-haut.
Je dois me calmer
car comme je suis gourmand de pâte d’amandes, j’ai tendance à téter mon cigare.
Heureusement que celle-ci est canalisée par le cacao et le poivre noir.
Je décide de partager cette première dégustation avec un chocolat Millésime Nicaragua nougatine et pistache (les coffrets découvertes, chocolat à déguster avec son cigare sont en vente à la Maison Demoulin). Je dois dire que ce partage a été un de mes meilleurs pairing. La sensation amande, cacao, nougatine, expresso, pistache et poivre est juste et parfaite, un vrai moment de pur bonheur.
En dépit d’une petite déviation sans incidence sur la dégustation, la combustion reste bonne et le tirage est parfait.
Malgré un va et
vient dans les saveurs, elles resteront identiques jusqu’à la fin avec une
prédominance des amandes, du cacao et du poivre accompagné de cuir, expresso,
cannelle, foin et chêne.
Je n’ai pas
trouvé d’indication sur les boites, mais vu le manque de cèdre dans ma
dégustation (voir mon article Le cèdre,ami ou ennemi des cigares ?) je pense qu’elles sont faites d’un bois plus
neutre.
Vers la fin du
dernier tiers, mon Joya augmente un peu de puissance pour arriver à moyen-fort.
J’ai refait un autre test avec un kawa strong et pas mal du tout également.
Mes dégustations
se sont portées sur 5 modules Toro de 15.87 cm pour un cepo de 50.
Cape : Nicaragua
Sous-cape :
Rép. dominicaine
Tripe :
Nicaragua
En
conclusion : un très bon cigare que j’ai apprécié fortement et comme il
est en production limitée annuellement, je vais me débrouiller pour en avoir en
permanence dans mes caves. Vous pouvez le trouver dans vos civettes habituelles
et je ne peux que vous encourager à le découvrir. Je l’ai fait déguster à
plusieurs amis et jusqu’à ce jour je n’ai eu que des avis favorables. N’hésitez
pas à me laisser vos retours en commentaires ci-dessous.
Prix au moment de
la rédaction : 11.90 euros.
bravo bravoooooo tout simplement
RépondreSupprimerje ne sais pas si ces bravo s'adressent au fabricant de cigare ou pour la rédaction de l'article mais merci dans tout les cas
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