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Nicarao Exclusivo Reserva 2017 Lancero

Nicarao 

Exclusivo 

Reserva 2017 

Lancero



Nicarao


Je pense que s’il y a un nom que les amateurs de vitoles en Belgique connaissent, c’est celui de Didier Houvenaghel. Cet expert en tabac, qui l’a encore prouvé avec la rédaction de son livre « The Cigar, From Soil to Soul » (Le Cigare, de la Terre à l’Esprit), est le créateur des marques Furia, La Ley, Nicarao & La Preferida.

Mais aujourd’hui, je vais vous parler de sa dernière trouvaille dans la marque Nicarao.

Cette marque se compose, à ce jour, de trois gammes Anno VI, Especial & Exclusivo.

C’est le Lancero Reserva 2017 de la gamme Exclusivo que je déguste ce soir.

Avant de parler de la dégustation proprement dite, laissez-moi vous faire un petit rafraichissement.

Exclusivo : chaque fabricant a sa gamme phare, sa série topissime. C’est aussi le cas de Didier et sa marque Nicarao. Puro du Nicaragua a une cape naturelle Maduro Habano fermentée pendant environ 20 mois et plus tard vieillie pour un minimum de 2 ans, et des feuilles âgées pour le reste de la composition, minimum 5 ans de vieillissement, et 9 ans pour la(les) feuille(s) de ligero. Pour assurer leur extrême qualité, les cigares Nicarao Exclusivo ont une production limitée : tout d'abord, seuls les Torcedores exceptionnels peuvent rouler l'Exclusivo ; ensuite, seul un nombre fixe et limité par jour ne peut être produit.

Reserva : si vous prenez un grand cru, il sera fait avec des raisins qui proviennent d’une parcelle particulière sélectionnée pour différentes qualités de son sol. C’est aussi le cas pour les Reserva, et c’est là que les études en cultures tropicales de Didier rentrent en scène. Si vous avez déjà eu l’occasion de le croiser ou d’échanger avec lui, vous savez qu’il marche sa parole, et aussi que rien n’est fait au hasard. Donc, il a longuement étudié les terrains à sa disposition puis il a sélectionné la meilleure parcelle pour l’élaboration de son Reserva.

C’est un travail minutieux. Quand on sait que cette édition Reserva (petite quantité) va être faite pour des tabacs qui vont servir à un cigare Exclusivo (petite quantité), il s’agit de ne pas se louper.

Vous aurez compris mes cher.e.s lecteur.tice.s, cette parcelle ne pourra donner qu’une quantité définie de plants de tabac. Et quand il n’y en a plus, eh bien pas question d’en ressortir 6 mois plus tard. C’est la différence entre Ed. Limitée & Reserva.

Mais Didier a une exigence supplémentaire pour ses cigares Reserva. C’est que ceux-ci vieillissent encore un an après le roulage et avant la mise en boite.

Enfin 2017 : simplement l’année de roulage des cigares.

Après ce petit rappel bien nécessaire, il est temps de passer à la dégustation.



Nicarao


Comme à l’accoutumée, la cape est sombre, lisse, avec quelques veines parfaitement écrasées. Elle est rehaussée par les 3 bagues classiques. En partant du bas vers la tête :

- Une première bleu et or portant les inscriptions : Reserva 2017.

- Ensuite dans des couleurs vert foncé et or : Exclusivo.

- Et enfin, dans les mêmes couleurs, mais sur les trois volcans du Nicaragua en relief : Nicarao.

Je partage une de mes dégustations avec un chef renommé ; il n’est pas amérindien, mais gère sa cuisine d’une main de Maitre.

Un dernier regard, et je me décide à faire une coupe droite. Je connais la marque et son créateur, pas besoin de faire de tirage à froid, j’embrase directement le pied.



Nicarao


Et c’est parti ! Si Macuilmiquiztli (le vrai nom du Cacique du peuple Nicarao) nous accompagne, nous allons vivre un moment hors du temps comme je les aime.

Je regarde mon frère à travers la fumée épaisse et je vois la satisfaction sur son visage. Je sais que ce grand amateur de Davidoff apprécie aussi les autres terroirs, surtout quand ils sortent des sentiers battus.



Cigare Nicaragua


Pour le coup, je lui laisse choisir le pairing. Sa préférence se portera sur une bouteille François Villard Crozes Hermitage Certitude 2020. Très bon choix ! Ce vigneron a comme philosophie de produire des vins authentiques et équilibrés ; et le Certitude 2020 est présenté comme un très joli Crozes-Hermitage dégageant beaucoup d'intensité de caractère. Voilà qui devrait être agréable avec ce genre de vitole.



Nicarao


La fumée m’apporte du chocolat, du café strong et de la réglisse, mélange qui ne manque pas de m’envoyer dans mes souvenirs et mes pensées. Je me revois, au coin du feu, dans la forêt boréale, avec une multitude de sons : hurlement de la meute de loups prête à partir en chasse, croassement des grenouilles sur le lac et les bernaches qui leur répondent, crépitement du bois sec dans le feu de camp…

Un fugace retour dans le monde de la nécessité, pour partager ma satisfaction avec Roch et échanger sur le pairing pour conclure qu’il est juste et parfait ! Puis, je m’envole de nouveau, vers cette cérémonie du thé que j’ai vécue avec une amie ; je pense que c’est le mélange jasmin, réglisse et poivre blanc de mon cigare qui me ramène à ces souvenirs.

Ma dégustation continue tranquillement pas vite. Je suis rendu dans une zone de pain grillé, pain d’épice suivi de cumulus chargés d’orge.

La puissance est moyen-fort mais à condition de fumer calmement. Pour profiter pleinement de cette dégustation, il faut avoir les 7 plumes de l’aigle (comprenez les 7 clés de la zen attitude).

La cendre est compacte et blanche, zébrée de gris clair.

En fin de dégustation, une bonne quantité de fruits secs vient sur le devant, comme une annonce de la petite mort : il est temps de laisser le mégot dans le cendrier.

Les dégustations, au nombre de trois, se sont portées sur un cigare Lancero de 17.78 cm pour un cepo de 40.

Nous avons bien un puro du Nicaragua.

En conclusion : encore un sublime moment avec ce cigare qui m’a fait voyager dans les méandres des souvenirs, et m’a donné une pleine satisfaction de mon salaire ; car on est quand même sur une vitole à 22€ au moment de la rédaction de cet article.

Je ne peux que vous inviter à vite courir vers votre civette préférée, car il n’y a que 225 boites de 20 cigares produites. Et ainsi, vous pourrez faire votre propre avis sur ce Grand Chef Amérindien. J’attends avec impatience vos retours ou remarques en dessous de cet article.

Comme il est l’heure, je vous laisse et vous dit à bientôt. Mais juste avant, je voudrais remercier mes amis Raphaël Moska & Christof De Volder pour leur photo, et m’excuser auprès de mes lecteurs et amis canadiens qui vont encore se sentir frustrés puisque Didier ne distribue pas sur les territoires américains.

Prix en Belgique au moment de la dégustation : 22 euros