Luciano
The Sergeant
Enfin quand je
dis 6 ans, je pourrais dire beaucoup plus en fait ; je n’avais que la
moustache à l’époque, et un jour quelqu’un a dit : tu ressembles au Sergent Garcia de Zorro. J’ai gardé ce surnom de
nombreuses années même quand je n’avais plus le grade.
Ce que je retiens
de ce passage de 3 ans de formation est qu’on nous a inculqué un esprit de
Corps, un esprit d’équipe. On part à six, on rentre à six. On n’abandonne pas
les autres, on reste soudés coûte que coûte… C’est un peu la genèse de ce
cigare puisqu’il a été élaboré en hommage au sergent Brian Acevedo, membre du Corps
des Marines des États-Unis et ami très cher de Luciano Meirelles. Il le décrit comme
: l'une des personnes les plus dévouées
et généreuses que je connaisse... Brian est l'exemple vivant de ce que signifie
faire passer la vie d'autrui avant la sienne. Il a affronté le danger à de
nombreuses reprises et a tenu bon. Ce cigare rend hommage à tous les hommes et
femmes qui se sont courageusement engagés à faire preuve d'un altruisme
inconditionnel. Nous n'aurions pas pu mieux le dire !
Luciano a donc
réalisé ce cigare en signe de reconnaissance envers les femmes et hommes
courageux, engagés, dévoués et généreux pour leur patrie, mais surtout en
l’honneur de son ami Sgt. Le nom du cigare était tout trouvé.
Photo de Pilou |
J’ai une cape de couleur brun classique avec une bague assez imposante. Il y a des veines qui sont fortement visibles, mais elles sont bien écrasées. La cape est très peu huileuse.
Pour la bague, vu le nom de la vitole du jour, on retrouve sur fond noir les trois sardines du grade de Sgt ainsi que le nom The Sergeant.
Ancienneté ou
nostalgie obligent, je reste un moment perdu dans les pensées des 18 années
consacrées aux Forces belges en Allemagne et à l’instruction des candidats
Officiers ou Sous-Officiers. Tout revient en boucle : le Centre
d’Instruction N°1, le 3ème Bataillon du Génie, l’Ecole des
Transmissions et de l’Electronique, l’Ecole du Génie et celle de l’Infanterie,
la 20ème Compagnie des Troupes de Transmissions, le 19ème
Bataillon d’Artillerie à Cheval, l’Ecole des Transmissions et de
l’Informatique…
Bon ! On se
secoue, car j’ai un recce (NDLR : reconnaissance, en argot militaire) à
faire. Je saisis mon coupe-cigare d’une main ferme et je coupe une partie de la
coiffe. Je porte le cigare aux lèvres et aspire profondément. Une saveur
mélangée de chocolat noir et de bois sec me parvient au moment où l’air arrive
en contact de mes papilles. Je retire le cigare de la bouche et dans le même
temps j’active la mise à feu de mon briquet torche. Je dirige la flamme vers le
pied qui s’embrase rapidement. Retour du cigare en bouche pour activer la
rougeur du pied de ma dégustation. Dernier contrôle visuel, petite
rectification et tout est parfait pour un doux moment de plaisir. Cela m’aura
pris moins de temps que de charger, épauler, tirer.
Maintenant, il
faut se poster calmement et chercher les points de repère qui vont nous servir
pour orienter nos appréciations. Ici du chocolat noir, une grande main à droite
du cèdre, 10 mètres devant un parterre de noix grillées. Là du café léger
parfume l’atmosphère.
Je passe à l’étape trois de ma check-list : me pauser, reprendre des forces, me laisser porter par mes sensations tout en restant sur le qui-vive, un incident de combustion peut toujours arriver sans crier gare.
Le cigare qui se
consume lentement ne m’apporte pas de grand changement significatif : mis
à part une crème onctueuse et un poivre blanc, il n’y a rien d’autre.
Attention cela
reste complexe et agréable mais ce qu’on pourrait nommer le second tiers est
assez semblable au premier. Mis à part peut-être qu’on frôle un peu plus le
moyen fort.
Au moment du
changement de quart, je fais mon rapport de recce à l’autorité
supérieure : combustion bonne, tirage serré mais sans obstacle, puissance
niveau moyen, corps moyen à moyen-fort.
Je repars en
ronde pour le dernier tiers de ma garde. J’en profite pour passer au
ravitaillement, car ma dégustation m’entraine vers du café expresso, du pain
beurré grillé et des noix.
Puis je repars
vers les buttes de terre grasse, le bois sec… Un moment, un tir retentit et un
éclat de paprika fumé passe à raz de mes narines ; j’y réponds rapidement
par un tir soutenu de rafales de cannelle et de clou de girofle.
Ma période de
garde se termine, je rentre vers le QG. Mais avant de faire mon débriefing
final, je pratique les mesures de sécurité et dépose mon mégot dans le
cendrier.
Les dégustations
se sont portées sur deux exemplaires Robusto Gordo de 12.7cm pour un cepo de 58.
Cape :
Corojo 99 (Equateur).
Sous–cape :
le cigare en est pourvu de deux. Connecticut Hybride (U.S.A.).
Tripe : Estelí
Ligero, Jalapa & Pueblo Nuevo Visos (Nicaragua).
En
conclusion : je suis assez surpris de lire que c’est une cape Corojo, car
je n’ai pas retrouvé la puissance que je connais avec ce type de tabac ;
mais je comprends mieux la combustion parfaite de celle-ci (de légères
imperfections qui se rétablissent d’elles-même). Voilà un cigare, qui m’a
plongé dans une marée de souvenirs ; et même sans un passé actif dans les
forces de sécurité, je pense qu’il vous procurera un moment intense de plaisir.
Le meilleur moyen
de le savoir est de vous rendre dans les meilleures civettes de votre région et
de faire vos propres impressions. Personnellement, je le refumerai
régulièrement.
Prix au moment de
la rédaction de cet article : 12.90€.
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