Skinhead
Red Caïman
Je vous ai dit
qu’il avait des idées, donc direction le Nicaragua pour y rencontrer une grosse
pointure dans les cigares, j’ai nommé A.J. Fernandez.
Les deux
gaillards se connaissent, ils ont déjà travaillé ensemble sur d’autres projets.
Sandro explique
son concept à A.J. qui est emballé, et c’est en résumé ainsi, que la production
de skinhead est née.
Un Toro réalisé uniquement avec des tabacs du Nicaragua âgés de 3 à 5 ans. Une fois ceux-ci roulés, ils passent encore un moment en Aging Room au Nicaragua avant de prendre la direction de la France, pour un nouveau repos (ce qui porte le total de celui-ci entre 6 mois et un an).
Ensuite, ils sont décorés de la bague en cuir qui vient d’Espagne, et mis dans de belles boites en provenance du Portugal, pour enfin atterrir dans les meilleures conditions dans nos civettes.
Skinhead :
voici bien un drôle de nom pour un cigare ! Je rassure les puritains :
il ne s’agit nullement d’un rapport avec des fans d’une équipe de foot (je vais
rester vague par respect pour les fans du PSG) qui s’entrainaient 2 heures par
jours dans les casemates de la capitale ; aucun rapport non plus avec ces
jeunes anglais, portant des Dr. Martens, des jeans avec le bas retroussé, des
bretelles et qui se sont rasés le crâne en signe de contestation contre la Dame
de Fer et la guerre des Malouines.
Alors
pourquoi ?
Pour comprendre,
il faut prendre le problème à l’envers. Sandro a son projet, il a son fabricant
et décide de s’attaquer à la bague, pendant la production de ses cigares. Vous
devez savoir, qu’il a un faible pour, comment dire, les highly original rings (bagues très originales en français dans le
texte). C’est d’ailleurs lui qui a insufflé l’idée du fil de laine à Didier V.
pour les Furia.
Pour ce cigare, il est parti sur une bague en cuir avec deux entailles aux extrémités pour l’attacher. Et pendant qu’il réfléchissait à la question, il a eu une inspiration : Skin en français c’est peau, et Head c’est tête, donc la peau sur la tête du cigare. Le nom Skinhead à ce moment coulait tellement de source que rien ni personne ne pourrait lui faire changer d’avis.
Et comme pour
cette première gamme, la fameuse bague est rouge, en cuir façon croco (de l'ordre
des Crocodiliens, et pas l’animal) et que l’animal de cette famille qui vit en
Amérique Centrale et en Amérique du Sud est le caïman … Skinhead Red Caïman est
ainsi devenu le nom du module de cette gamme.
La petite
histoire ne nous dit pas si ses réflexions viennent d’un esprit savant ou
perturbé (mais connaissant Sandro j’ai ma petite idée), et encore moins si
elles se sont déroulées avec autant de rhum que les discussions concernant la
bague du Furia.
Voilà donc le
décor planté, je vais pouvoir commencer ma dégustation.
Je profite de
l’été indien pour m’installer confortablement en terrasse ; je sors ma
vitole de sa boite et je la regarde attentivement. La cape d’une belle teinte
d’un brun foncé (Maduro) est huileuse et parsemée de belles nervures
parfaitement écrasées qui lui donne ses notes de noblesse. Le rouge de la bande
de cuir tranche sur le brun et attire immanquablement le regard.
Je décide de ne
plus trainer et de pratiquer la coupe droite, au moment où le serveur m’apporte
ma chouffe 50cl.
A froid, l’air
passe parfaitement, le poivre est présent mais aussi le cuir fraichement tanné.
Il y a un peu de vent sur le bord de mer de Fécamp, donc j’utilise un briquet torche ; le pied s’embrase et la fumée fait son office.
Elle m’apporte
son lot de poivre noir, de cannelle et clou de girofle. Mais vous le savez
maintenant cette explosion d’épices ne dure généralement pas plus qu’un bon
centimètre sur les nouveaux cigares.
En effet, il
diminue d’intensité pour laisser place à d’autres sensations comme le café
strong, la fougère, le cacao, la basse-cour, le cèdre et le chêne. Pourquoi je
vous les donne pêle-mêle ? Simplement parce qu’elles m’arrivent dans un
pack équilibré frisant un terme que je n’aime pas, la perfection.
Une gorgée de
bière s’impose car mon cigare me dessèche les lèvres et je dois avouer que la
fraicheur de la bière accompagnée de la coriandre me donne un super mélange
avec les saveurs de mon cigare.
Ma seconde dégustation se fera au nid accompagné cette fois d’un café, et là aussi le mélange est enchanteur.
La fumée est
imposante ; la cendre compacte accroche bien au cigare.
C’est à ce moment
que les voyants passent au rouge : Warning ! Vu la rondeur du cigare
et l’absence d’agressivité, vu l’âge ancien des tabacs choisis, il ne faut pas
oublier de fumer doucement car la nicotine est bien présente.
Je ne sais
toujours pas s’il a été favorable à mon voyage dans mes souvenirs en voyant les
bateaux rentrés au port et s’il m’a aidé à me retrouver à la Ciotat, Calla
Figuera, Hvar ou au milieu de la Manche pour une plongée… Mais ce dont je suis
certain, c’est qu’il m’a permis d’atteindre un état modifié de conscience et il
y avait belle lurette que je n’étais plus à la terrasse de la Boucane quand
j’ai vu ma chère Aurora se matérialisée devant moi après sa deuxième séance de
sport hebdomadaire.
Les dégustations
se sont portées sur deux Toro de 15.24 cm pour un cepo de 58.
Cape :
Nicaragua.
Sous-cape :
Nicaragua.
Tripe : Nicaragua.
En
conclusion : une très belle découverte, et même si on la doit à Sandro, on
reconnait quand même la marque de fabrique d’A.J.
Un cigare qu’il
vaut mieux ne pas fumer le ventre vide et de prendre le temps de la
dégustation.
Bon on ne va pas
encore revenir sur le prix… Vous savez maintenant que la crise qui dure depuis
quelques années a entrainé une flambée des prix à tous les niveaux et que nos
précieux moments de bonheur en ont aussi souffert.
Je ne peux que
vous conseiller de vous rendre dans une civette française ou suisse pour vous
faire votre propre idée et de me donner vos retours sous cet article.
Et pour mes
lecteurs belges patience : Sandro cherche un distributeur chez nous.
Prix au moment de
la rédaction : 22.50€.
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