Davidoff
Nicaragua
E.L. 10ème Anniversaire
Et pourtant, il a
amplement sa place dans mes passions. Heureusement serai-je tenté de dire, 10
ans après ils remettent le couvert avec une édition limitée. Mais que nenni,
puisque vous vous en doutez, elle est différente de la première édition sinon
il n’y aurait aucune raison de faire une nouvelle gamme. Donc dans la foulée de
cet article, je corrigerai mon oubli.
En attendant
parlons un peu plus de ce 10ème Anniversaire.
Si l’édition
classique est la plus vendue de la bande noire, c’est parce que les équipes ont
travaillé sur la recherche de la chaleur et de l’intensité des volcans du
Nicaragua pour ensuite les adoucir et faire un cigare riche en saveurs.
Pour cette
édition Anniversaire, ils ont été encore plus loin. Ils sont montés jusqu’au
sommet des volcans pour nous donner un cigare au maximum de sa capacité en
saveurs.
Vous savez tous que nos vitoles se composent de plusieurs feuilles de tabac : 7 dans le cas de ce cigare. Pouvez-vous imaginer que le vieillissement de celles-ci a duré un total de 45 ans. Et ce n’est pas tout : une des feuilles de la tripe a à elle seule 9 ans d’âge (une première dans les cigares Davidoff). Cela laisse présager un bon moment de dégustation, surtout que quand il n’y en a plus, il y en a encore.
Cette feuille de
9 ans est restée en finition 6 mois dans des fûts ayant contenu du rhum.
Devant cette déferlante de bonnes nouvelles je me sens comme Haroun Tazieff au pied des volcans, mais je dois d’abord revêtir mon kit d’explorateur : chapeau, coupe cigare, cendrier Davidoff, Briquet Winston Churchill, le couteau et le fouet à la ceinture… 13°10′ N, 86°24′ O, me voilà. J’ai placé le camp de base à la limite de La Villa de San Antonio de Pavia de Estelí, et je me dirige vers le pied du volcan du même nom. Je suis arrêté par un jeune Miskitos qui me tend une boite : il m’explique que c’est tout ce qu’il a réussi à sauver des mains des colons (nom donné par les indiens aux pilleurs de leur terre ancestrale). Puis il disparait dans les montagnes aussi rapidement qu’il est apparu.
Je regarde ce coffret en bois attentivement, le couvercle noir est martelé de petits triangles (représentation typique des volcans nicaraguayens, même reprise sur le drapeau du pays). En son centre, on retrouve des informations comme le fait qu’on a des cigares de type Gran Toro, que c’est une édition limitée Nicaragua. Dans le coin supérieur droit, un autocollant estampillé 10th Anniversary rappelle l’occasion particulière de cette gamme.
Je fais sauter au couteau cette fichue bandelette fiscale, et par un coulissement du couvercle, je laisse apparaitre les joyaux qui sont un réel plaisir pour les yeux.
Je prends
délicatement un des Gran Toro et je l’examine de plus près. La cape est juste
parfaite, une belle couleur brun clair, avec des bagues noir, orange, blanc. Ce
véritable bijou est parcouru de belles nervures qui, au toucher, se révèlent
bien écrasées de manière à ce que la cape enserre parfaitement la poupée.
Je ne reviendrai
pas sur la bague classique, mais l’autre porte sur fond noir et écrit en blanc
2013-2023, avec entre les deux dates un grand 10th orange, et
dessous sur fond orange on peut lire Anniversary.
Je ne peux que
marquer un temps d’arrêt, comme tous les explorateurs avant un moment important,
que cela soit Indy, Allan Quatermain ou Benjamin Gates.
Je décroche mon
coupe cigare de ma ceinture et je tranche délicatement un morceau de la coiffe
de tête. Heureusement, il n’y a pas de pièges et il ne se passe rien, je décide
donc de le porter aux lèvres.
Des saveurs de
noix grillées, de cèdre et d’épices se dégagent de ma vitole. L’air circule
librement.
Il ne m’en faut
pas plus pour porter la flamme du briquet vers le pied ; celui-ci
s’embrase, ce qui déclenche l’astucieux mécanisme qui libère un beau flot de
fumée.
La confirmation
des noix grillées arrive rapidement sur mon palais. Elles sont accompagnées de
cuir fraichement tanné comme sur la peau d’un tambour lors de sa construction.
J’ai également une sensation de cardamone et de genévrier. Le tout est présenté
dans un cocon parfaitement équilibré.
Comme tout se
passe à merveille, je continue ma découverte plus en profondeur du cœur de ce
cigare. J’arrive maintenant comme si je passais un palier invisible : les
épices fraiches ont partiellement disparu pour donner place à une importante
quantité d’eucalyptus. Cela me fait sourire en pensant au logo sur la boite,
fumer tue ; et bien avec celui-ci, je soigne mes bronches. J’ai aussi du
chêne, du café crème et du chocolat au lait. Ce contraste de mélange corsé et
doux me laisse admiratif tellement c’est bien équilibré et dans une intensité
de moyen–fort.
Il ne m’en faut pas plus pour décider de faire une autre dégustation sur le site sacré de Wéris accompagné d’Aurora, ma correctrice en cheffe.
La combustion est
pratiquement parfaite pour un cigare fumé en plein air et par de belles rafales
de vent purificatrices.
Je passe
maintenant au-delà de l’emplacement de la seconde bague, et je m’éloigne du
côté crémeux, voire laiteux, pour me retrouver plongé dans du café strong, du
pain toasté et de la fougère.
Il est temps de
me dire Waow ! Déguster ce cigare au moment de Lugnasad, la fête des
moissons, quel cadeau des Dieux et des Maitres Mélangeurs de la Maison Davidoff !
Les dégustations
se sont faites sur 3 Gran Toro de 15.2cm pour un cepo de 56.
Cape : Equateur.
Sous-cape :
Jalapa seco (Nicaragua).
Tripe : Esteli
seco cask aged (rhum), Esteli Semilla B visus, Esteli Semilla A ligero, Jalapa
visus, Condega seco (Nicaragua).
En
conclusion : j’arrête de suite les grincheux sur le prix du cigare ;
oui ce n’est pas donné, mais on a tout le travail de recherche, d’âge des
tabacs, du travail de finition en fût ayant contenu du rhum. Pour ma part, j’ai
adoré ces moments de purs plaisirs et je suis déjà certain qu’il sera dans mon
top 20 de fin d’année. Un cigare de belle intensité avec des moments de
douceur, qui m’a fait voyagé et qui est un moyen approuvé pour fêter les 10 ans
d’une gamme : j’adhère pleinement. Donc, comme à l’accoutumée, je vous
invite à courir chez votre dealer pour vous faire votre propre opinion. Il n’y
en aura pas longtemps car il n’y a que 14.585 boites pour le monde.
Et j’attends vos
retours sous cet article, merci d’avance.
Prix au moment de
la rédaction : 36 euros.
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