Casdagli
Cypher 3311
Lorenz
Voici déjà un nom de cigare qui est interpellant et qui demande des explications.
En tout premier, je n’ai jamais imaginé que ma passion des cigares allait me ramener 39 ans en arrière, et à ma plus grande hantise : mes cours Morse au Centre de transmission et de l’électronique de l’armée belge (CTrE) ; vous comprendrez plus tard pourquoi je vous parle de cela, mais sachez qu’à l’époque cela a été mon seul échec dans mes 20 ans de carrière.
Casdagli, est une famille d’origine grecque, au nom turc qui a vécu longtemps au Caire, et qui est dans le monde du cigare depuis 1951. Elle était aussi parallèlement dans les chevaux de courses et le coton.
Mais ce jour, nous allons remonter le temps pour parler du système de chiffrement (Cypher) du prisonnier 3311, le major A.T. Casdagli, le grand-père de Jeremy Casdagli, le fondateur de Casdagli Cigars. A.T. Il a été capturé par les nazis comme prisonnier de guerre et était retenu au château de Spangenberg, en Allemagne. Il y a pire comme endroit, mais il a connu aussi la privation de nourriture et de sommeil… Au départ, pour passer le temps, il s’est mis à la broderie ; je devrai plutôt dire il s’est remis puisque la broderie en point de croix était connue par la famille avec son activité dans le coton. Ses ouvrages avaient du succès, et les nazis les ont exposés ou envoyés dans d’autres camps.
Ce qu’ils n’ont jamais su, c’est qu’entre les décorations et autres croix gammées, se trouvaient sous forme de barres et de points (langage Morse) des expressions comme God save the King ou fuck Hitler. Un jour, il a fini une broderie par l’Union Jack, comme il savait que les drapeaux nationaux étaient interdits dans les prisons, il l’a caché par un rabat sur lequel il a brodé en allemand : ne pas soulever. Quand l’officier lui a fait remarquer que cela était interdit, il a répondu calmement et sans moquerie : c’est vous qui l’avez montré, pas moi.
Un moment, via la croix rouge, il arrive à envoyer ses broderies à sa famille. De nouveau, il a roulé les nazis avec son morse caché dans les œuvres. Car le MI9 recevait les travaux point de croix pour les déchiffrer avant de les remettre à la famille. C’est ainsi qu’il a passé des renseignements importants sur les camps de prisonniers. Dans une conférence de presse, Jérémy C. déclare : Ce n'est qu'en 2012 que le musée impérial de la guerre a confirmé que non seulement mon grand-père a mené une protestation courageuse contre les nazis avec ses messages chiffrés cachés dans ses œuvres d'art créées dans les camps de prisonniers de guerre, mais qu'il était également membre du MI9, ce qui incluait la planification d'évasions de prisonniers de guerre, la collecte de renseignements et la transmission de ces renseignements par le biais de communications clandestines à Londres.
Pour conclure ces explications historiques sur le nom de la gamme et le module, vous devez savoir que Lorenz était le système de cryptage qui a donné le plus de fil à retordre aux services secrets alliés. Vu sa complexité, il servait à transmettre des informations capitales ; dès qu’ils ont réussi à mettre la main sur le système de cryptage, les alliés ont eu accès sur des informations décisives qui ont influencé le cours de la guerre. Une victoire de plus pour le MI9, car les nazis n’ont jamais compris le morse d’A.T.
Pour le packaging, on a une boite brute avec la représentation d’une Broderie dont le centre est un 1. Et nous avons de gauche à droite ainsi que de haut en bas : un blason fait de deux raquettes de squatch, le SS Pasteur (navire anglais sur lequel il y eut un souci avec des prisonniers allemands, événement qui a amené des représailles de privation chez les prisonniers anglais), la couronne royale et une échelle (symbole de la tentative d’évasion). La boite est scellée avec une bande qui reprend le même blason.
A l’intérieur, nous avons 8 cercueils d’un bleu nuit, dont le couvercle est orné de la même bande avec Cypher3311 Lorenz en lettres d’or. Le contour du couvercle reprend en Morse : God save the King. Alors que le dessous du cercueil reprend Fuck Hitler.
Enfin, sur les cercueils repose une feuille qui explique que la gamme est une mise à l’honneur de son ancêtre, mais aussi de la Croix Rouge qui lui a sauvé la vie en lui permettant de ne pas perdre la tête grâce à l’échange de courrier.
D’ailleurs, un pourcentage de la vente des cigares et des articles de Merchandising ira à la Croix Rouge.
Après cet historique un peu long mais qui valait la peine, je me ronge le frein en attendant le moment tant attendu. Le message arrive enfin relié par MI9 et transmis par la Red Cross : The time has come for a pleasant analysis of this Diadema. Enjoy the tasting! We look forward to your detailed report, A.S.A.P… En gros cela veut dire que l’opération dégustation du Diadema Lorenz doit commencer et que je dois en rapporter mon avis dans les moindres détails.
Je retire la bande de protection du cercueil, pour avoir accès à la vitole du jour. Je découvre une cape marron mise en valeur par une bague luxueuse. Sur fond bleu, elle reprend le blason décrit précédemment ainsi que le nom de la marque en lettres d’or.
En regardant la pointe acérée du pied, je me dis que l’allumage va donner peut-être du fil à retordre. Après un allumage méticuleux pour ne pas bruler la cape, le démarrage se fait enfin, par quelques bouffées assez serrées mais qui ne me donnent que très peu de fumée. Heureusement cela ne dure pas et il ouvre enfin les vannes de la dégustation : chêne, chocolat noir 75%, terre sèche, avec des coups de sonde de la part du poivre noir et de la crème.
Je me retrouve devant un souci de tirage, en fonction de comment je porte le cigare à la bouche, j’ai un gros flot de fumée ou un calme plat comme s’il s’était éteint. Un petit chipotage et je trouve enfin la bonne position que je vais veiller à maintenir. C’est raté pour faire tourner le cigare mais c’est nécessaire.
Par contre la combustion est bonne et une fois bien en place le tirage reste très agréable.
Le chêne a préféré faire une halte dans les tranchées pour permettre au cèdre de passer à l’offensive. Il évolue derrière des sacs de sel qui se déposent sur les lèvres.
Il demande un appui aérien et la force aérienne envoie une escadrille de toasts de pain multi-céréales. Un peu de noisette se fait aussi ressentir.
Pour continuer mon avancement, je dois absolument détruire les murs de concertina que l’ennemi a déployés ; il est temps de faire appel au système Amaretto, ma dégustation déploie un long couloir d’amandes et de miel avant de revenir sur le bois et la terre.
La puissance est restée moyen plus, et pour les saveurs on a vite frôlé le moyen fort.
Ma dégustation touche à sa fin, et il va être temps de tirer les conclusions. Mais avant, il va falloir que je laisse mourir mon mégot pour le rendre à la Terre Mère.
La dégustation s’est portée sur un cigare Diadema de 23.36 cm pour un cepo de 58.
Comme toute la gamme tourne autour du secret et du chiffrement, il n’y a pas de raison que cela change.
Cape : Equateur
Sous-cape : non divulgué
Tripe : non divulgué
En conclusion : mis à part le souci de tirage, j’ai passé un super bon moment de dégustation avec cette vitole. Je ne sais pas vous dire si c’est le cigare ou l’histoire autour qui m’a le plus intéressé ; je pense que c’est un tout.
Prix au moment de la rédaction : 52€
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