Davidoff
Verano
Les gardes suisses sont en état d’alerte
niveau 4, les hallebardes ont été remplacées par des kalachnikovs.
La tension est à son comble ; les yeux du
monde entier sont rivés sur l’entrée du tunnel au cœur de la plus haute
montagne de Bâle, à côté du quartier général de Oettinger Davidoff AG.
La foule, agglutinée près des barrières,
propage les rumeurs en attendant un communiqué officiel : small batch #16,
alignement des prix sur le marché cubain, rachat de la filiale par l’illustre
E. Musk…
Les hauts parleurs réclament un peu de calme
pour entendre le discours qui va être prononcé dans quelques instants. Un
silence religieux s’installe rapidement car les amateurs veulent écouter
attentivement les nouvelles.
Dans un costume trois pièces digne des plus
grandes maisons de couture, le gardien du temple fait son apparition et
s’exprime devant les gens et des millions de téléspectateurs qui ont le regard
rivé sur leur écran.
Très chers Aficionados, tôt ce matin nous
avons procédé à l’ouverture du coffre-fort le mieux gardé du monde (pire que
Fort Knox), nos experts devaient y faire un prélèvement. Après conciliabule et
fouille minutieuse, ils ont arrêté leur choix sur un cigare de 2016 ; bien
qu’il sera distribué en très petite quantité (seulement 7010 cigares pour le
monde), il ne rentrera pas dans la gamme Small Batch puisqu’il s’agit bien d’un
vintage au doux nom de Verano, en hommage à la période estivale dominicaine qui
est un moment hors du temps. Le coffre-fort a été refermé et scellé ; la
zone est sécurisée jusqu’à une nouvelle ouverture.
Je vois une palette avec des sachets en papier précautionneusement empilés les uns sur les autres ; je me glisse furtivement comme un Palmchat entre les palmiers pour en savoir plus. Je suis près assez pour distinguer le paquet du dessus, on peut y lire : qu’ils ont bien été fabriqués en 2016, qu’il s’agit bien d’un Small Batch, que le paquet a une capacité de 10 cigares, qu’il s’agit de cigares DAV (Davidoff) SB (Small Batch) Verano, que ce sont des Gordo. Les initiales du rouleur et le numéro du paquet complètent l’étiquette.
Mais refermons le décor pour nous concentrer
sur le cigare ! Avant tout pour une bonne compréhension, vous devez savoir
que la tripe est faite uniquement de tabac visus : Davidoff est toujours
le seul producteur à utiliser ce type de niveau foliaire visus.
J’ai une cape assez brute avec des nervures qui sont un régal visuel ; elle est assez huileuse et mise en valeur par deux bagues aux couleurs or et blanc. La première serait une traditionnelle de la marque si le nom du module n’était pas remplacé par Edition Limitée ; la suivante porte le nom de la gamme Verano.
Je pratique une coupe droite ; je prends
mon briquet Davidoff et commence mon rituel personnel d’allumage. Je vous
conseille d’avoir le vôtre quand vous fumez un cigare de qualité et/ou quand
vous prenez le temps d’être hors du monde de la nécessité.
Je remercie la plante qui a donné sa vie pour mon plaisir. Je remercie les nombreuses personnes qui ont œuvré pour ce moment particulier hors du temps, et j’avance le pied du cigare vers la flamme en le tournant progressivement pour que l’allumage soit doux et uniforme.
Quand mon pied s’est bien embrasé, la première bouffée me scotche sur ma chaise ! Si j’étais un film, j’hésite entre Marverick qui vient de se prendre un 9G ou le Grand bleu qui vit l’ivresse des profondeurs. J’ai l’impression qu’un garde suisse m’a vidé un chargeur en rafale dans la gorge. Petit retour en arrière : rien que du visus dans la tripe, des cigares de 2016, quand on sait que les tabacs chez Davidoff sont souvent âgés de 5 ans, on a donc des tabacs de 2011, qui ont été gardés dans les meilleures conditions et sous surveillance. Donc, dès la première aspiration, j’ai une bonne dose de nicotine accompagnée d’une sensation de vieux tabac presque dérangeante ; en fait, elle est agréable mais nous sommes tellement peu habitués à ce goût que cela en devient déstabilisant. Bien évidemment, pas de sensation d’agressivité comme sur certains cigares plus jeunes.
Heureusement, cette dose puissante s’estompe après quelques aspirations.
Une fois que mon palais s’est habitué à ce
nouveau challenge, je peux explorer les autres saveurs que sont le chêne, le
café strong, le poivre noir.
La combustion et le tirage sont parfaits ; la cendre est compacte et comme soudée au cigare.
Je me lance dans la rétro-olfaction :
cela est piquant mais supportable.
J’ai un léger duvet de sel qui se dépose sur
les lèvres, alors que ma dégustation libère une poussée de chêne, du cèdre en
moindre densité, de la basse-cour et du café expresso.
Je continue tranquillement pas vite ma découverte : la terre sèche et
grasse me rappelle que je suis bien dans un été sec avec juste le bon taux
d’humidité et chaud, pas dans l’été de la St Martin.
Je me fais la réflexion que certains cigares
me font décoller, me font voyager ; celui-ci a l’effet inverse, il m’ancre
dans le sol, me fait rentrer dans la Terre Mère. Il me fait revivre la
tradition, les méthodes à l’ancienne, quand on avait le temps et pas l’heure.
La Maison Davidoff, et à leur époque peut être
encore plus Zino & Henke, a vraiment compris le sens de la plante sacrée
offerte par les Dieux.
La chaleur, qui commence à se faire sentir au
niveau de la moustache, donne le signe de la lente remontée vers le monde de la
nécessité ; et à coup sûr encore, un mégot qui ne finira pas dans la
poubelle mais retournera à la Terre.
Pour terminer, j’ai eu une dégustation chargée
en nicotine, où l’astringence et l’amertume n’ont pas leur place. Un cigare qui
a une puissance qui reste dans le moyen-fort, mais avec une intensité de fort.
Les dégustations se sont portées sur deux
Gordo de 15.2 cm pour un cepo de 60.
Cape : Equateur
Sous-cape : Hybrid 238 seco (Rep. Dom.)
Tripe : San Vicente visus, Piloto visus,
Yamasa visus (Rep.Dom.)
En conclusion : je ne vais pas encore et
encore vous expliquer le pourquoi du comment du prix de ce cigare ; vous
savez maintenant que tout le processus coûte cher, que l’état qui veut protéger
notre santé se sucre royalement au passage, et que le système de vente en
Belgique fait que le produit fini augmente de 80% avant qu’il arrive chez le
consommateur… mais bon, c’est la crise, et oui, il a un prix de 39 euros. Mais
± 75 min hors du temps, avec un moment incomparable, sera plus bénéfique qu’une
séance de méditation, de psy ou de gourou.
Cette dégustation faite sur un cigare avec des
tabacs pratiquement 100% Davidoff, composé de feuilles longuement vieillies
puis encore reposées sous la forme de cigare pendant 6 ans, va vous apporter
joie, bonheur et un moment des plus plaisant au milieu de la nature
ensoleillée.
Maintenant, vu la petite quantité mis
mondialement sur le marché (7000 puisqu’avec des potos, on en a déjà acheté 10)
je vous conseille vivement de tracer la route vers votre dealer et faire votre
propre dégustation. N’oubliez pas de me laisser votre avis et vos impressions
sous cet article.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Laissez ici, vos commentaires, retour sur l'article et/ou la dégustation