Corleone
Rispetto
Mais permettez-moi de faire un peu d’histoire.
Dès 1870, l’immigration italienne amène dans ses rangs des membres de la Cosa
Nostra qui s’installent dans les grandes villes américaines.
Pendant ce temps, à Corleone, on est bien loin
de Toto Riina mais la Cosa prend des galons et devient une branche
incontournable de la mafia.
En 1920, commence aux States la période de la prohibition
qui durera jusqu’en 1933. Celle-ci sera accompagnée par l’arrivée massive de
mafieux italiens principalement des siciliens car en Italie, B. Mussolini prend
le pouvoir et décide de faire la chasse à la mafia sicilienne.
Cette période verra considérablement gonfler
les rangs des familles de la mafia italo-américaine par l’arrivée des mafieux
siciliens mais aussi parce que pour échapper à un style de vie précaire,
certains immigrés choisissent de rejoindre la mafia américaine. Je sais que
vous pensez directement à la célèbre histoire entre Eliot Ness et ses
incorruptibles face au Scarface (Al Capone) mais je n’irai pas sur ce sujet ;
Al était de la branche napolitaine et pour la genèse de ce cigare je dois
rester avec la Sicile.
Donc la prohibition a vu s’ouvrir un tas
incroyable de bars clandestins et autres trafics d’alcool, ce qui a impliqué
des profits beaucoup plus importants et la création de groupes mieux organisés ;
et d'autre part, elle a donné naissance à des carrières criminelles aux rôles
prépondérants.
En 1930, l’inefficacité de la loi face à la mafia
italo-américaine, emmenée par la Cosa Nostra (la famille Corléone), va peser
lourdement dans la balance de l'Association Against the Prohibition Amendment
(AAPA - Association contre l'amendement de la prohibition) ainsi que la limitation
des libertés individuelles. Ce qui va pousser le nouveau président Franklin
Delano Roosevelt à abroger finalement le Volstead Act qui jusqu'alors
justifiait et définissait la prohibition ; et rendre autorisée la
fabrication, le transport, la vente, l'importation et l'exportation de boissons
alcoolisées. Cela sera exécuté en avril 1933.
Quelque part, on peut dire sans se tromper que le village de Corleone a collaboré activement et indirectement à lever les interdictions.
Mais vous me direz, qu’est-ce que tout cela à avoir avec le cigare ?
Si je reprends les paroles du créateur (qui a de la famille à Corleone) : Ce petit village sicilien redevient le symbole de l'anti-prohibition et de la liberté des peuples à travers la marque de cigares Corleone. Et quoi de plus symbolique que le cigare comme symbole de liberté, car il reste une icône de la libération cubaine et de la dictature. Il est entré dans l'esprit collectif par la porte du mouvement révolutionnaire et libérateur. Fumer un Corleone est un geste politique et une manière de proclamer : Je suis un être libre.
J’aime bien cette vision : je suis libre !
Arrêtez de me casser les pieds avec vos restrictions anti-tabac ! Je ne
suis pas un fumeur de clopes (et je n’ai rien contre eux) : fumer un
cigare est mon moment plaisir solitaire ou entre amis, mon moment où je rentre
dans ma bulle et où je suis bien, un peu hors du temps.
Mais revenons (enfin ! diront certains) au cigare, j’ai une cape de belle composition et de couleur brun clair, pas aussi clair qu’une Connecticut mais plutôt ce qu’on pourrait comparer à du café au lait.
Elle est décorée d’une bague aux couleurs noir, blanc & rouge. Sur le dessus, on peut lire cor eone en blanc, le L quant à lui est rouge et traverse toute la bague. Un peu comme un doigt levé en signe de révolution ou de pistolet en fonction de l’orientation de la bague. Thierry Bonne le designer dit lui-même : la lettre L se dresse tel un doigt levé. Une représentation assumée de l’expression de la liberté dans un monde de plus en plus soumis aux dictats.
De chaque côté de celui-ci, on retrouve la
représentation d’empreintes digitales basée sur des signes précolombiens.
Au toucher la cape est soyeuse, d’une belle
élasticité et d’un aspect huileux parfait.
Un dernier moment de contemplation, puis je
pratique une coupe droite.
A cru, je sens comme une résistance dans le
passage de l’air ; mon premier réflexe est de me dire que ce cigare est
très serré et que je vais devoir tirer un max pour avoir le flot de fumée
recherché.
Le pied s’embrase parfaitement, et le flot de
fumée est assez important. Vous aurez aussi compris que vu mon enthousiasme, ma
première impression était fausse et non, le cigare n’est pas trop serré ;
par contre, il est bien rempli. Mais le tirage est correct, ni trop dur, ni
trop aisé.
La première bouffée m’arrive en bouche et je
suis sous le feu du poivre noir, heureusement qu’on m’a dit que c’était un
cigare moyen, suivi juste derrière d’un cuir tanné à l’ancienne qui laisse bien
l’odeur animale.
Après le premier centimètre, le poivre diminue
tout en restant noir ; il est moins présent. Le cuir prend le devant de la
scène pour nous donner un show digne des plus grands Capo di tutti capi avant de rentrer dans la clandestinité en
s’associant avec du café, pour nous donner une onctuosité douce et agréable,
surveillée de près par Le Parrain le
Poivre Noir. Cette variation entraine la chute de la puissance qui descend
à moyen.
Je suis vers 5 cm quand ma dégustation me
donne une sensation flagrante mais furtive d’un sirop balsamique avec également
l’apparition de noix. Le café passe au strong alors que le cuir reste en première
ligne. Je me retrouve avec un cigare moyen-fort.
Cette expérience gouteuse ne se modifiera plus
jusqu’à la fin de ma dégustation.
Les dégustations se sont faites sur 2 exemplaires, dont un Cupela, qui ne nécessite pas un article puisqu’il n’y a pas de grandes modifications. Ils ont : 15.5 cm pour un cepo de 52 et de 11.3 pour un cepo de 50 (Cupela).
Cape : Equateur
Sous-cape : Equateur
Tripe : Rép.Dom., Pérou & Nicaragua
En conclusion : voici un cigare qui est roulé au Nicaragua et qui m’a apporté une belle satisfaction. Il est accessible à tous les amateurs qu’ils soient débutants ou non.
Un cigare qui n’a pas une palette de saveurs
très étendue mais qui se concentre justement sur un équilibre sur toute la
dégustation. Ils sont faits avec des tabacs de minimum 4 ans. Cerise sur le
gâteau : la construction est juste et parfaite, c’est un travail rudement
bien mené.
Maintenant, pour les aficionados belges, il vous faudra encore être un peu patients pour le trouver dans les bonnes civettes. Mais si comme moi vous êtes impatients de le refumer ou de le découvrir, je vous conseille de vous rendre dans un des quatre shops Davidoff belges pour y trouver le Rispetto, ainsi que quatre autres modules.
Prix au moment de la rédaction de cet article : 14 euros
J’attends vos retours ou commentaires sous cet article.
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