Sur les traces des Northmaen
Et comme il n’y a
pas de hasard, le producteur de la bière est le même que celui du whisky.
Laissez-moi donc vous inviter à la découverte de la brasserie ferme Northmaen.
C’est en 1997 que ce technicien chimiste, Dominique Camus dépose sa famille et ses valises à La Chapelle Saint-Ouen pas très loin de Rouen. Il a une idée en tête sortir des bières artisanales brassées selon une tradition viking. On a très peu de renseignements sur la bière que consommaient les vikings, ce qu’on sait par contre avec les fouilles c’est qu’ils en buvaient régulièrement. On suppose que c’était une bière Ale (d’ailleurs l’origine de ce nom vient du vieux norvégien), c’est-à-dire une bière à fermentation haute mais faiblement alcoolisée. Vous devez savoir que les conditions sanitaires étaient déplorables et que l’eau n’était pas toujours potable ou de grande qualité, en la purifiant et en la transformant en Ale, ils avaient une boisson qu’ils pouvaient consommer tous les jours, de plus ils avaient un apport calorique non négligeable pour les lourdes taches journalières. Enfin lors de longues expéditions en mer la bière avait une certaine bonne conservation.
Léo (son surnom) veut de l’orge de qualité. Il décide donc d’acheter 30 hectares de terre et de faire sa propre culture ; sa ferme brasserie était née. Comme il aime sa région et qu’il a de l’intérêt pour le monde viking, il lui donnera le nom de Northmaen, terme utilisé pour nommer les guerriers qui venaient du nord lors d’expéditions avant de s’installer dans la région.
Il sort quotidiennement
4.000 litres de bières répartis en 17 bières et 3 cervoises, sans compter la
gamme de 5 whiskys. Mais Léo ne compte pas en rester là puisque à terme il veut
arriver à une production 100% bio.
Mais revenons aux
dégustations.
La bière blonde au doux nom de LAGERTHA :
Elle est servie
dans un verre à bière Arcoroc Nonic sur lequel on retrouve la marque de la
bière, l’année de fabrication de la première bière et deux belles cornes à
boire.
Celles-ci font
partie de la croyance populaire car si elles étaient utilisées par les vikings,
c’étaient uniquement dans des cas rares et particuliers comme des cérémonies,
sinon pour la dégustation journalière ils buvaient dans des chopes en terre
cuite ou en verre. Cette erreur vient en général de mauvaises traductions ou de
généralisation de cas particuliers comme dans le poème Krákumál quand Ragnar
déclame au moment de sa mort dans la fosse aux serpents : je me réjouis de boire de la bière dans des
cornes avec les Dieux. Mais cela est devenu une coutume dans certains
milieux et elle a son charme surtout quand on tient mal la corne mais cela est
une autre histoire.
J’ai une mousse assez épaisse avec beaucoup de petites bulles ; elle retombe assez vite (mais vous savez que ce n’est pas un critère de qualité de la bière, cela vient trop souvent du nettoyage du verre).
La bière est une Ale
de 5% Alc. qui est rafraichissante et douce ; elle a une couleur blond
foncé. Elle me donne des sensations de cannelle, d’infimes particules de miel.
Son côté acidulé me fait un peu penser à une blanche Hoegaarden.
Par contre elle
se marie parfaitement avec mon cigare Arturo Fuente.
Cette bière a été
servie pression mais on peut la trouver en 33 ou 75 cl.
Le whisky fermier normand
Whisky Thor Boyo
Brut de Fût :
Quand dans
l’esprit de Léo a germé l’idée de faire un whisky, les gens ont fait cette
remarque : un whisky en Normandie cela va surement être un fameux
tord-boyau. Je dois vous avouer que je n’ai pas d’atomes crochus avec les
whiskys français (d’ailleurs mis à part le Edu breton, il n’y a pas d’autres
articles dans les passions de Ker Mc Gwalch).
Le propriétaire
en partant de cette remarque, de sa passion pour les vikings et de son envie de
faire un whisky fermier, a pris donc comme appellation Thor Boyo et surement
pas une association de Thor et l’alcool. Il n’y a que chez Marvel que le Dieu,
symbole de l’orage et la colère, est un alcoolique. Car si les vikings et
encore plus leurs Dieux avaient la réputation d’être de gros buveurs, Thor ne
l’était pas plus qu’un autre.
Si je commence par le dessus de l’étiquette, j’ai whisky fermier de Normandie, Thor Boyo, Brut de fût- degré naturel (Un brut de fût est un spiritueux qui après l’étape de vieillissement, n’a pas été réduit avant la mise en bouteille. Il est ainsi embouteillé à son degré naturel). Vient ensuite une petite phrase : Retrouvez le viking qui sommeille en vous. Et une représentation de Mjöllnir, le marteau de Thor. Donc on sait pourquoi son nom est sur ce whisky (voir plus haut avec le jeu de mots) et évidemment pas de Thor sans son marteau. Mais est-ce que cela ne serait pas aussi un rappel de boire avec modération sinon on risque le coup de marteau sur le crâne ?
Et enfin un
rappel que le breuvage vient d’un seul fût.
Pour terminer
avec l’étiquette, celle de dos me dit que le whisky a 5 ans minimum mais je me
suis laissé dire qu’en général on va plus vers du 10 ans d’âge. Le
vieillissement s’est fait dans des fûts de chênes français.
Pour la dégustation :
Une originalité de ce whisky fermier est que le taux Alc est
inscrit à la main sur la bouteille, j’apprécie cela qui fait plus artisanal que
50.000 étiquettes avec le même Alc.
Ma bouteille du
jour fait 53% Alc. ; j’ai un whisky assez foncé.
Au nez : des
senteurs de bois nobles avec un aspect de résine, un peu de miel et de
marmelade d’orange puis on passe dans une immense pâtisserie de luxe avec des
saveurs prononcées de gâteaux aux noix, des pâtes caramel, des cakes.
En bouche :
j’ai au départ un aspect gras mais pas huileux, c’est un gras onctueux ;
viennent ensuite des épices comme le clou de girofle puis les pruneaux et les
raisins de Corinthe. On termine sur une note plus herbacée avec une sensation
de fougères.
je tiens à remercier mes Vikings de service : Wendy Kerz & Kevin Neven pour leur apports sur ces gens du nord pas si barbares qu'on veut le faire croire.
En
conclusion : lors de mon prochain passage dans la région de Rouen, je
pense faire un saut à la Ferme Brasserie ; ils font des visites le samedi
après-midi.
Pour la
bière : Si vous voulez quelque chose de désaltérant et de doux, je vous
recommande cette pils, en tout cas si vous passez en Normandie car je ne pense
pas qu’elle soit déjà disponible en Belgique.
Pour le Thor Boyo
Brut de fût : je suis étonné comment par un bon équilibre, on arrive à
faire oublier la teneur en alcool, mais franchement une très bonne découverte
qui sera souvent dans ma réserve.
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