Didier Houvenaghel
Réunion en cercle restreint chez Dekelle Cigars à Overijse.
C’est le mardi 22 janvier 2019 que je rencontre (pour la 4ème
fois) Didier pour une discussion cigare.
Didier, c’est un Belge, né à Bruxelles, diplômé de la
Section interfacultaire d'agronomie (promotion 1999) de l’ULB. Un troisième
cycle en gestion d'énergies et un Master en cultures tropicales de l'Université
de Pinard del Rio à Cuba.
C’est aussi le rédacteur d’un livre sur les cigares (Le
Cigare, de la Culture à l'Art, 2005). Dès 2002, c’est aussi des nouvelles
marques de cigares et enfin le lancement d'une académie de violon pour enfants des
rues au Brésil.
Celui-ci, comme à l’accoutumée, est un peu en retard mais
cela ne me choque pas, je sais qu’il a plus le temps que l’heure, un véritable
indien d’Amérique.
D’ailleurs c’est tout sourire qu’il arrive enfin, et qu’il
fait le tour de l’assemblée avec un bonjour pour chacun.
Il n’est pas venu seul, mais accompagné d’une partie de son
équipe de distribution au niveau belge et de Steven Kron, Directeur des ventes
internationales chez NyB Cigars.
Nous commençons la soirée par la dégustation d’un La Ley
Reserva 2016 et il lance la conversation : il y a pour moi trois
sortes de cigares : les mauvais et les bons, et dans les bons je ferai
encore deux catégories, les équilibrés et les non équilibrés. Dans les bons
cigares, il arrive parfois que vous appréciez ce moment de dégustation mais il
vous manque un petit quelque chose qui va vous transcender. Et bien, ce truc
qui vous manque, c’est l’équilibre. Vous prenez un spectre de feuilles de
tabac, prenons par exemple 3 feuilles : une pas assez mure, une bonne et une trop
mure ; si on applique la fermentation sur ce spectre, certaines vont être
parfaites mais les autres vont être trop fermentées ou pas assez fermentées. Si
vous réduisez la largeur de ce spectre, toutes vos feuilles auront une
fermentation parfaite.
Un deuxième facteur, il est primordial pour nous...
petite parenthèse vous parlez de moi comme un producteur de cigare mais c’est
un travail d’équipe, il y a un tas de personnes qui va rentrer en ligne de
compte entre la graine de tabac et le cigare que vous dégustez ce soir, il n’y a
pas que Didier Houvenaghel, fin de la parenthèse. Je disais donc il est
primordial pour nous que le cigare que vous avez fumé hier ressemble à celui
que vous fumerez la semaine prochaine ou dans deux mois. Pour cela, nous
pratiquons un travail minutieux en jonglant avec les tabacs. Pour faire simple,
un plant de tabac d’une parcelle ne sera pas le même que celui de la parcelle à
côté et la 3ème feuille ne sera pas la même que la 5ème.
Tous ces différents paramètres ont une répercussion sur
la production ; si nous voulons garder ces mêmes saveurs et/ou cet équilibre,
il faut accepter que quand il n’y a plus de cigares, et bien on doit attendre
un moment pour que la nouvelle production soit possible.
Je constate qu’il tient toujours le même discours qu’en
2015, ce qui est une satisfaction et une preuve d’honnêteté dans les paroles et
dans les actes.
Vous devez savoir chers lecteurs que Didier est un grand
amateur d’histoire et de mythologie.
Quelqu’un lui demande : d’où vient le mot La Ley et que signifie-t-il ?
La Ley est en fait une très ancienne marque de cigares
cubains qui a disparu du marché. J’ai donc eu envie de la faire revivre avec un
blend particulier (il ne nous en dira pas plus que ce que j’ai déjà partagé
avec vous lors de la rédaction de l’article sur la marque.) La Ley veut dire la
loi, (ouf c’est un nom fort!). Cela peut paraitre prétentieux de nommer mes
cigares la loi mais je vais vous raconter une anecdote: un jour je devais présenter
mes cigares à un distributeur et il me dit avant même que je parle “Je
pense que tu crois que tes cigares sont les meilleurs du monde alors, explique-moi,
je t’écoute”. Je me fous qu’ils soient les meilleurs du monde ou pas. Par
contre je sais que mes cigares sont équilibrés et que je garantis leur qualité
et la similitude des cigares au fil des années. Si je vous raconte cela, c’est
pour vous dire que nommer ma gamme de cigare la loi, n’est pas avoir un ego
surdimensionné, mais c’est plus un engagement que je prends avec vous.
Comme on parle de La Ley et qu’on en déguste un Reserva
2016, je ne suis pas trop pour l’appellation "édition limitée", je
trouve que cela est trop vague et que rien n’est limité dans ce que beaucoup
d’autres appellent ‘Edicion Limitada’. Voilà déjà pourquoi j’ai opté pour
Reserva. C’est une édition spéciale qui garde le cahier de charge des cigares
de la gamme mais qui a été roulée en 2016 et qui a encore vieilli un an avant
la mise en boite.
Nous marquons une petite pause et j’en profite pour aller me
restaurer. Nancy et Christof avait une fois de plus fait appel au TraiteurBarras pour nous ravitailler, ce qui fut apprécié des participants! Et je peux
vous dire que la rillette et le filet américain valaient le détour…
On redémarre pour la deuxième partie de la soirée avec une
dégustation du cigare Furia Megaera.
Didier nous donne quelques informations sur ce cigare (je
vous invite à relire mon article sur la gamme Furia pour en savoir
plus).
Il revient sur sa passion de l’histoire et la
mythologie : comme La Ley, la marque La Preferida est une ancienne
marque cubaine, le marque Nicarao porte le nom du grand chef indien Cacique,
qui a inspiré le respect par sa vision et son courage et qui donnera plus tard
le Nicaragua. La marque Furia vient directement de la mythologie grecque; comme
vous le voyez, mes passions et recherches font partie intégrante de mes
cigares. Pas seulement au niveau du nom mais aussi du décorum qui les entourent.
Pour répondre à Ker, lorsqu’on décide de faire une nouvelle gamme, en plus de
tout le travail pour la réalisation du cigare, il y a celui en amont de la
bague, la boite, le nombre de cigares par boite, déposer les marques… tout cela
prend du temps et il faut compter un minimum d’un an, si tout se passe bien,
avant d’avoir réalisé le concept de la nouvelle marque.
Comme les Furia sont des déesses chthoniennes, je voulais
pour les fils de laine des couleurs qui étaient en rapport avec la terre, comme
le rouge pompéien du Megaera que vous dégustez ce soir. Mais on a toujours à
apprendre... Un jour, un amateur m’a dit: “Les Furias sont impétueuses, je
m’attendais à des couleurs plus flash”, et oui pourquoi pas.
Pour conclure, et avant que Didier donne la parole de fin à
Steven, il nous explique une dernière chose concernant la société NyB:
C'est le caractère, la
personnalité d'un assemblage particulier qui distingue sa dégustation. Chaque
marque est différente. En plus des choses évidentes qu’ils ont en commun,
chacun a son propre goût et son profil aromatique, ainsi que la marque, les
couleurs et les symboles qui le différencient des autres.
C'est l'équilibre dans
la rondeur du mélange qui rend l'expérience complète. Le goût et l'équilibre
aromatique sont des attributs rares chez les cigares. Il peut y avoir beaucoup
de bons cigares disponibles, mais seulement un très petit nombre - même ceux
construits avec de bonnes feuilles individuelles - démontrant un équilibre
général fin.
Le rapport parfait entre qualité et prix est également
une constante chez DH Boutique Cigars. Bien que le prix soit destiné à motiver
le consommateur final, nous avons placé le prix dans le contexte de la qualité
et de l'expérience du fumeur, ce qui a permis de fidéliser à long terme DH
Boutique. C'est notre signature.
NyB cigars est une
association des cigares de ma marque qui sont connus sous l’appellation DH
Boutique Cigars (pour le N) et les marques exclusives d’A.J.Fernandez.
Nous terminons la soirée avec les paroles de Steven qui nous
en apprend un peu plus sur la distribution : pour choisir un
distributeur dans un pays, on va d’abord voir s’il y a une possibilité de
marché, si ce distributeur est bien implanté sur le marché, le genre de module
apprécié dans le pays, si le distributeur est fiable financièrement et dans la régularité
de ses payements, les démarches légales auxquelles il faut se plier pour commercialiser
un produit dans le pays (à titre d’information en Belgique il faut
déposer 125 euros par marque et modules avant de vendre le premier
cigare et en plus des bandelettes fiscales).
En conclusion : encore une très belle soirée qui était
plus un échange qu’un monologue. Merci à Didier H., Marc D., Philippe V. W. et
Steven K. pour leur disponibilité. A Nancy et Christof pour l’organisation et
le bon déroulement de la soirée et enfin à Vincent C., chauffeur livreur du
superbe buffet.
Pour l’élaboration de cet article, je me suis inspiré de la
soirée mais aussi de mes autres rencontres avec Didier ainsi que ses différents
sites internet ou ses publications pour l’ULB.
J ai eu l occasion de faire un voyage au Nicaragua avec lui, quel Monsieur toujours sur de lui et surtout sur les compétences en culture et en fabrication de cigares.
RépondreSupprimerJe ne peu que dire un grand merci à Didier pour n avoir appris et rappelé tout sur le cigare
oui on sent le passionné mais aussi qu'il connait sa matière et qu'il sait de quoi il parle.
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